
Le rendez-vous
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Ouf! Il y a du monde icitte, à soir. Je vois Ti-Jos pis Pierre à côté des canots.
Ils sont des meilleurs amis depuis leur voyage l’année dernière.
Survivre des dangers ensemble, ça crée des amitiés fortes. Pis ça, c’était un des pires voyages, ça.
Ils en ont perdu deux : un mort noyé, l’autre le cou cassé pendant un portage.
Je sais pas comment ils ont fait pour se rendre icitte dans un morceau.
J’étais sûre que Ti-Jos allait arrêter après ce voyage-là. Il était en mesure de le faire; son contrat était fini.
Mais non, il y en a qui aiment ça l’aventure d’être engagé. Mon Jacques est comme ça.
Bonyenne, j’aimerais qui reste à maison mon petit. Pu si petit que ça, mon plus jeune.
On me disait qu’il était revenu aujourd’hui, mais je le vois nulle part. Oh, c’est-tu lui à côté du feu?
Ah, il parle à la jeune Crie qui est venue avec sa famille vendre du pemmican au fort. Elle est pas mal belle.
Ça ferait des beaux petits-enfants, ces deux-là.
Je me demande si avoir une belle jeune femme qui l’attend l’encouragerait, mon Jacques, à rester à maison…
Je sais que ça paie bien, mais ça vaut pas sa vie, quand même!
Oh oui! On sort des instruments! Arrêtez de jacasser, vous autres. C’est le temps de danser et chanter.
Ouain, ouain. Je sais que vous avez plein de choses à vous dire et que ça fait longtemps que vous vous êtes pas vu, mais y’en a icitte qui attendent depuis un bon bout de temps pour des bons partenaires avec qui danser.
Pis, si vous avez remarqué, il y a du monde venu de partout pour faire la traite.
Mais bientôt, on va partir à la chasse au bison de l’automne, pis il n’aura plus de trous pour une secousse.
J’aime ben ça quand tout le monde se rencontre au fort. Ça fait comme la fête du jour de l’an plus qu’une fois par année!