Les enfants de Yuki, après deux ans d’université au Manitoba, ont chacun à leur tour, à trois ans d'intervalle, consacré une année entière à étudier le japonais à l’Université Tokai au Japon et à s’entraîner avec son réputé club de judo, les deux, de façon intensive. Nous vous présentons les écrits combinés de leur journal de bord respectif, lesquels seront parfois émaillés de notes rétrospectives et d’échanges sur leur expérience.
7 juillet 2012
Wakamono kotoba et les abréviations
Le japonais est vraiment une langue intéressante. Parce que c'est une société qui valorise la politesse, l'honneur et le respect, il existe de nombreuses façons différentes de dire la même phrase en fonction de la personne à qui vous vous adressez.
Par exemple : si j’entrais dans un bureau quelconque chez moi en voulant parler à quelqu'un, je dirais probablement et tout simplement ceci : « M. Smith est-il là? » ou « Est-il possible de parler à M. Smith maintenant? » ou même « M. Smith est-il déjà arrivé? ».
Mais au Japon, parce que l'ordre hiérarchique doit être respecté en tout temps, je devrai dire : スミスさんはいらっしゃいますか ? (Sumisu-san wa irrashaimasuka?) qui se traduit par « L'honorable M. Smith est-il encore disponible? ».
Quoi qu'il en soit, je ne veux pas me concentrer sur le keigo (langue honorifique) dans cet article. Je vais garder cela pour une autre fois, parce qu'il y a beaucoup à dire sur le sujet.
En fait, je vais parler de tout le contraire du keigo. En japonais, il y a ce que l’on appelle « Wakamono kotoba » qui se traduit par « la langue des jeunes », ou comme nous l'appelons habituellement en français, de l'argot. Cependant, par rapport à l'anglais, l'argot japonais est quasiment une nouvelle langue. La majorité des adultes n'ont même pas entendu parler des mots suivants : (Remarque : il y a beaucoup plus de mots que ceux énumérés ci-dessous, mais ce ne sont que quelques-uns que j'ai appris depuis que je suis ici.)
- maji/majide : Ça veut dire « vraiment? » ou « Es-tu sérieux? »
- chou : (prononcé chō) et signifie « très »
- mecha : (prononcé mettcha), signifie aussi « très »
- JK : signifie 女子高校 (joshi koukou) qui signifie lycée (pour les filles). Les filles l'utiliseront par exemple pour dire : JKに戻りたいな (j'aimerais pouvoir retourner au lycée...)
- PK : signifie パンツ食い込んでいる (pantsukuikondeiru) ce qui signifie que les lignes de la culotte de quelqu'un (généralement celles des filles) sont à découvert (bizarre, non?)
- KY : signifie 空気読めない (kuukiyomenai) qui décrit quelqu'un qui est incapable de saisir une situation. Quelqu’un qui va, par exemple, sauter dans une conversation sans prêter attention au sujet en cours et va parler sans arrêt au risque de raser à mort son interlocuteur.
- hanakin : (花金) Mon colocataire me l'a expliqué, mais je ne suis pas certaine de me souvenir correctement de l'explication. Les deux caractères veulent dire « fleur » et « vendredi », et cela signifie essentiellement que parce que c'est vendredi et qu'il n'y a pas d'école demain, les gens peuvent sortir et veiller tard. Apparemment, nous avons un équivalent en français dont je n'ai jamais entendu parler, mais que j'ai trouvé sur Internet : TGIF = « Dieu merci c'est vendredi » pour l’anglais Thank God it’s Friday.
Ensuite, il y a aussi des tonnes d'abréviations, des mots raccourcis :
(Certains mots peuvent probablement aussi être classés comme de l'argot, mais certains d'entre eux sont utilisés même par les adultes et dans les journaux.)
- takuru : aller en taxi; raccourci de takushi (taxi) de kuru
- copiru : pour faire des copies; raccourci de kopii o suru
- masukomi : communication de masse, les médias; raccourci de masu komyunikeeshon
- pasokon : ordinateur portable, ordinateur personnel; raccourci de pasonaru konpyutaa
- makku/makudo : McDonald's; raccourci de makudonarudo
- tanpure : cadeau d'anniversaire; raccourci de tanjoubi (anniversaire) purezento
- buresuto : brainstorming; raccourci de bureensutomingu
Intéressant, hein? 😉
11 juillet 2012
Concours de discours
Aujourd'hui, le programme de langue japonaise Bekka a organisé un concours de discours pour ses étudiants internationaux, ainsi que d'autres, qui étudient actuellement à l'Université Tokai.
Il ne pouvait y avoir qu'une seule personne sélectionnée pour représenter les classes 3 et 4, donc hier, tout le monde a présenté son discours en classe devant tout le monde... et j'ai été sélectionné pour participer au concours officiel de discours qui avait lieu le lendemain. (aujourd'hui)
J'ai fait beaucoup de discours en classe et j'ai même déjà participé à un concours de discours japonais, au Canada. Et depuis que je suis jeune, ma mère me faisait lire à l'église devant tout le monde, les lectures ou les prières. Donc, parler dans un micro devant une foule n'est pas une grosse affaire pour moi maintenant.
Cependant, cela ne signifie pas que je n'étais pas nerveuse. J'avais peur de deux choses : 1) d’avoir un trou de mémoire pendant mon discours. Cela arrive à tout le monde. Vous parlez et puis tout d'un coup votre esprit devient vide et vous ne pouvez pas vous souvenir de ce dont vous parliez. 2) de dépasser la limite de temps. Si nous parlons pendant plus de 5 minutes, nous perdons des points automatiquement.
Heureusement, rien de tout cela ne s'est produit. J'ai trébuché un peu sur quelques mots, comme vous le verrez dans la vidéo ci-dessous. Et personnellement, je ne pense pas que ce soit la meilleure présentation que j'aie faite (je pense que ma présentation en classe était meilleure). Mais à part cela, ça s'est plutôt bien passé. Et... roulement de tambour... J'ai obtenu la deuxième place! J'ai reçu un beau certificat et une carte-cadeau d'une librairie d'une valeur d'environ 100 $. Je ne pense pas que je vais l'utiliser au complet avant de partir, donc je vais probablement finir par la donner à mon frère pour quand il viendra dans trois ans.
Le gagnant de la 1ʳᵉ place était un Coréen, qui est déjà entré à l'université. Il est probablement ici depuis quelques années maintenant, donc je ne me sens pas mal d’avoir perdu contre lui. Et mon professeur a dit qu’à son avis, j'étais la gagnante, donc je peux m’en accommoder. 😉 J'étais contente de participer.
Voici donc la vidéo de mon discours. Bon visionnement!
Pour ceux qui ne comprennent pas le japonais, voici un petit résumé en français :
Tout le monde a eu la malchance de perdre quelque chose à un moment ou à un autre de sa vie. Par exemple, leur cellulaire, leurs clés de voiture ou leur portefeuille. Mais ces choses sont assez faciles à remplacer. Cependant, il y a certaines choses que vous ne pouvez pas remplacer. Par exemple, ma mère a souffert d'une maladie très rare et a dû être amputée des deux jambes juste sous les genoux. C’était une personne très active et être incapable de faire les sports ou les activités qu'elle avait l'habitude de faire fut assez difficile à accepter. Parce qu'avoir des jambes est normal pour nous, nous vivons sans vraiment être conscients de ce que nous avons. Mais si quelque chose arrive et que nous perdons nos jambes pour une raison quelconque, ce n'est qu'à ce moment-là que nous réalisons à quel point nos jambes sont importantes.
Bien sûr, personne dans la salle n’est en train de perdre ses jambes. Mais il y a quelque chose que vous perdez en ce moment et vous n'en êtes même pas conscient. Et c'est la planète Terre. En raison de l'activité humaine, des habitats naturels sont détruits, des gaz à effet de serre sont émis et la planète Terre que nous connaissons est en train de mourir lentement. Mais quand en prendrons-nous conscience? Seulement quand nous pourrons seulement dire : « Pourquoi n'avons-nous pas fait quelque chose plus tôt pour empêcher cela? ». Si nous ne voulons pas en arriver là, nous devons faire quelque chose maintenant. Par exemple, marcher ou prendre l'autobus au lieu de conduire, ou réduire notre consommation d'eau et d'électricité. Si vous y réfléchissez, ces choses ne sont pas vraiment difficiles à faire. Et si tout le monde le faisait... Cependant, commençons par penser : « Que puis-JE faire pour aider la Terre? ».
4 juillet 2015
Une autre blessure...
Vendredi dernier, je me suis blessé à l'épaule droite (un ligament) pendant l'entraînement.
C’est vraiment difficile de faire face à ce genre de situations, et laissez-moi vous dire pourquoi. Je veux vraiment m’entraîner, mais avec la
charge de cours que j'ai, et la quantité de choses que je dois faire en plus de cela, c'est très énergivore. Ainsi, je me présente à l’entraînement sans énergie et parfois sans goût de faire quoi que ce soit.
Vendredi dernier était l'un de ces jours, mais j'ai décidé d'être courageux et de me motiver. Durant mon deuxième combat, j'ai été projeté fort sur mon épaule et j’ai tout de suite su que ce n'était pas bon.
Ce n’est pas une blessure trop grave, mais il faudra environ une semaine avant que je puisse recommencer à faire des poids. L’entraîneur de l'équipe m'aide avec des exercices de réadaptation.
Problèmes de bicyclette
La semaine dernière, j'ai brisé un pneu de vélo pour la deuxième fois. Tout comme la dernière fois, je suis allé dans un magasin près de l'université pour le faire réparer. Pas grand-chose à dire là-dessus, mais je trouve intéressant de regarder les deux propriétaires gérer ce petit magasin bourré de toutes sortes d'accessoires et d'outils de vélo.
Le gentil monsieur réparant mon vélo.
Je vais devoir y retourner parce que l'autre jour, j'ai eu mon premier gros accident de vélo. C'était manifestement la faute de l'autre gars, comme on dit toujours ha ha. Je descendais la colline de Tokai, où l’on peut atteindre beaucoup de vitesse. Juste au moment où j’arrivais au bas de la colline, j'ai jeté un coup d'œil aux vélos qui venaient dans l’autre sens, et j'ai repéré ce gars-là. En même temps, j'ai même dit à haute voix que j'avais un mauvais pressentiment. Tout d’un coup, ce gars arrive droit devant moi et je rentre en plein dedans. J’ai revolé environ deux mètres au-dessus de lui, mais grâce à mes compétences de chute de judo, j'ai réussi à atterrir sans trop de dégâts.
Je me suis levé et je lui ai demandé pourquoi il s'était soudainement retourné, et sa réponse : parce que je veux aller là-bas.
Dans cet accident, j’ai cassé le cadre de ma roue arrière et j'ai dû me passer de vélo durant une semaine. Je l'ai fait réparer la semaine suivante. Par la suite, j'ai dû reconsidérer ma vitesse de conduite à vélo...
14 juillet 2015
Eh bien... je suppose que vous aviez raison
Comme certains d'entre vous le savent peut-être déjà, j'ai publié quelque chose sur Facebook indiquant que je suis en couple. Eh bien, c'est vrai, je le suis! On m'avait dit avant de partir que j'allais revenir avec une petite amie, mais je n'y ai jamais cru une seule fois. Mais je suppose qu'ils avaient raison. Cela fait maintenant un mois que nous sommes officiellement ensemble. Je n’avais pas été dans une relation depuis quelque temps, je ne suis donc pas sûr de rien, mais je suis prêt à essayer. Maintenant, avant que je vous ennuie tous avec cela, laissez-moi vous en dire un peu plus sur elle.
Elle s'appelle Arisa Oginuma et elle a un an de plus que moi. Elle était inscrite aux études internationales pendant son séjour à l'université et travaille maintenant dans un bureau de poste. Elle aime chanter et sait jouer du piano. Elle a travaillé chez Starbucks, où elle a développé son goût pour le café.
Comme nous sommes tous les deux assez occupés, nous ne nous voyons que le week-end. Maintenant, si vous pensez : « Un instant! Ne reviens-tu pas dans quatre mois Vincent? Pourquoi commencerais-tu quelque chose juste avant de partir? Eh bien, je peux vous dire, vous n'êtes pas le seul. Je ne sais pas ce qui va se passer quand je reviendrai. Elle semble prête à venir me rendre visite de temps en temps.
Disons simplement que je suis heureux. Et c'est assez bien pour moi en ce moment.
19 juillet 2015
Yoroshiku
Je vais à l'école avec un masque.
Il y a un mot que les Japonais utilisent TRÈS souvent, et c'est « yoroshiku ». Il n'a pas de façon parfaite de l'expliquer, mais si l'on devait essayer de le traduire en français, ce serait quelque chose comme... « Faites de votre mieux. » Donc, en gros, c'est demander une faveur à quelqu'un et qu'il le fasse bien.
Mais ce que la plupart des étrangers ne réalisent pas immédiatement, c'est que cela ne s’applique qu’au résultat final. En regardant une tâche, on ne se rend pas toujours compte de tout ce qui est nécessaire pour l’accomplir. Oui, nous pouvons simplement dire : « Ne soyez pas en retard pour la réunion. » Mais pour que cela se produise vraiment, cela peut parfois inclure des choses telles que la façon dont vous planifiez votre repas, comment vous planifiez votre journée, comment vous allez voyager et ce que vous allez apporter. En d'autres termes, quand quelqu'un vous demande une tâche, même si cela peut sembler une petite chose, je crois qu'il faut un certain « effort » pour l'exécuter correctement. Mot clé : correctement.
Récemment, ayant de plus en plus de responsabilités à assumer, j'ai pris conscience de l'importance de ce « yoroshiku ». Cela implique même un certain respect, parce que la personne qui vous demande une faveur croit que vous pouvez l'accomplir pour elle.
Juste un peu de saveur à mes pensées ces jours-ci.