Un oiseau dans ma cour
Ces paroles inspirées de lectures, de rencontres, de réflexions et de sa propension à jeter un regard critique sur la société qui l'entoure, Guy les offre aux créateurs de musique à la recherche de textes significatifs.
« La chanson… c’est un vivant petit oiseau sensible et intelligent dont l’univers est la cour, il connaît et ressent tout mais en petit, c’est très parent avec le conte et la fable. » – Félix Leclerc
Elle et lui
Elle et lui parle de la vérité (elle) et du mensonge (lui). Plusieurs études en psychologie ont démontré que les êtres humains ne passent que très peu de temps dans une journée sans mentir : se mentir à eux-mêmes, d’abord, pour maintenir une image positive de ce qu’ils sont, et, bien entendu, mentir aux autres, si ce n’est qu’un tout petit peu, pour préserver leurs relations sociales.
Des chercheurs en sciences sociales affirment de leur côté qu’une société sans mensonges ne pourrait pas fonctionner. Ils émettent l’hypothèse que le mensonge remplit en quelque sorte une fonction de « liant social ». De fait, trop de vérité pourrait provoquer beaucoup d’isolement ou encore inciter à la violence. La vérité serait donc une lumière trop intense pour que nous puissions la supporter. Mais probablement que trop de mensonges nuit tout autant à la vie en société! Qui se sent constamment dupé ne devient-il pas rapidement désabusé? Le mensonge à grande échelle, bien orchestré par la pratique des « relations publiques », ne conduit-il pas lui aussi à une rupture du lien social? Le repli sur soi et le cynisme ambiant ne sont-ils pas des manifestations de cet abus de confiance envers nos institutions et envers ceux et celles qui les représentent?
Cela dit, reconnaissons que tous les êtres humains sont susceptibles de mentir ou, à tout le moins, de manipuler la vérité avec peu de précautions! Mais certaines circonstances de la vie appellent la vérité, comme si elle seule pouvait rendre justice au réel et au mouvement de la vie.
Elle et lui
Lui, il est toujours présent
Elle, elle vient de temps en temps
Il s’appelle « mensonge »
Il règne sur ce monde
Elle s’appelle « vérité »
Elle tranche comme l’épée
Les deux trouvent leur sens
Selon les circonstances…
Lui, lui…
J’y ai souvent recours
Un peu à chaque jour
Je le sais efficace
Pour ne pas perdre la face
Pour duper mon patron
Et gravir les échelons
Pour mener en sourdine
Une vie clandestine
Pour vivre ma déchéance
Avec une bonne conscience…
Mais elle, elle…
Elle est d’un bon secours
Quand viennent les mauvais jours
Quand l’angoisse me harasse
Quand la peur me terrasse
Quand j’suis mal dans ma peau
Quand l’amour fait défaut
Quand mon âme s’est perdue
Quand je n’ai plus d’issues
Quand j’veux briser mes chaînes
Quand la mort dégaine…
Il est toujours présent
Elle vient de temps en temps
Il s’appelle « mensonge »
Il règne sur ce monde
Elle s’appelle « vérité »
Elle tranche comme l’épée
Les deux trouvent leur sens
Selon les circonstances…
Référence sur la fonction du mensonge : Claudine Biland, psychologue : « Nous sommes obligés de mentir en société! », Doctissimo