Un oiseau dans ma cour
Ces paroles inspirées de lectures, de rencontres, de réflexions et de sa propension à jeter un regard critique sur la société qui l'entoure, Guy les offre aux créateurs de musique à la recherche de textes significatifs.
« La chanson… c’est un vivant petit oiseau sensible et intelligent dont l’univers est la cour, il connaît et ressent tout mais en petit, c’est très parent avec le conte et la fable. » – Félix Leclerc
Le temps de partir
« Si un jour nous vivons
Dans un monde nouveau
Se pourrait-il qu’au vocabulaire
On bannisse le mot PERDRE?
Je n’ai pas l’humilité nécessaire
L’humilité requise pour ne pas mal PERDRE »
– Daniel Bélanger (Perdre - de son album Paloma)
« La raison d’être de la mort, c’est de faire place à la vie :
Le bouton éclate pour donner la fleur
La fleur s’étiole pour donner la semence
La semence pourrit pour la germination
Perpétuel mouvement de la mort et de la vie, d’obscurité et de lumière ».
– Jean Monbourquette (Aimer, Perdre, Grandir)
Il y a cinq ans, ma mère nous quittait à l’âge vénérable de 94 ans. Pour un autre monde? Pour se fondre au néant? Pour s’éteindre et ne plus être tout simplement? Je n’en sais rien…
Je sais cependant qu’elle m’a laissé ce qui compte le plus pour aborder la vie avec philosophie : une volonté de vivre, un désir d’aimer, bref, ce qu’il me faut pour toucher un coin du ciel tout en ayant les deux pieds bien posés au sol. De ce petit boom boom qui résonnait au milieu de son corps émergeait quelque chose comme une aptitude au bonheur…
Le temps de partir
Elle était encore là
À bercer ses souvenirs
Le siècle sur les bras
La mort dans la mire
Puis un jour de temps froid
N’en pouvant plus de vieillir
Son corps lui rappela
Qu’il était temps de partir
Le temps de partir
Pour ne plus revenir
Ne plus revenir
Sans elle la maison
À son tour expirait
Étranges émotions
Que celles qui dormaient
Sous les vieux édredons
Et parmi tant d’objets…
Abondante moisson
De bonheurs, de regrets
La maison était vide
Nos mémoires… fatiguées
Ne restaient que des bribes
De nos lointains passés…
Puis retour impassible
À nos vies occupées
Mais elle, invisible,
Habite nos pensées
Le temps de partir
Pour ne plus revenir
Le temps de partir…
Et de laisser partir