Un oiseau dans ma cour
Ces paroles inspirées de lectures, de rencontres, de réflexions et de sa propension à jeter un regard critique sur la société qui l'entoure, Guy les offre aux créateurs de musique à la recherche de textes significatifs.
« La chanson… c’est un vivant petit oiseau sensible et intelligent dont l’univers est la cour, il connaît et ressent tout mais en petit, c’est très parent avec le conte et la fable. » – Félix Leclerc
Les yeux sont trop bavards
Vous tentez peut-être de trouver l’âme sœur au moyen d’une « application » conçue à cette fin? Ces nouveaux outils facilitent certainement la prise de contact, mais la rencontre, elle, demeure toujours soumise aux règles de jeu habituelles : affinité, désir, appel d’un amour possible doivent être au rendez-vous, sans quoi la vérité finit par s’imposer d’elle-même et, souvent, dès les premières minutes de la rencontre. Les yeux sont généralement les premiers lanceurs d’alertes, ce qui nous fait dire, à juste titre, que le regard ne ment pas…
Voici un texte qui décrit une situation dont j’ai été témoin dans un café : deux jeunes soupirants se rencontrent grâce à l’utilisation des réseaux sociaux; d’abord nourris d’espoir, ils seront bientôt plongés dans une amère déception.
Les yeux sont trop bavards
Ils se pointent à l’entrée
Se cherchent l’un et l’autre
Commandent un café
S’assoient puis se vautrent
Ils se sont rencontrés
Sur les réseaux sociaux
Nouvelle réalité
Beaux profils, belles photos
Sont tout en courtoise
Sont tout en gentillesse
Épatent la galerie
Évitent la controverse
Elle lui parle de la vie
Et lui de ses prouesses
Amusante comédie
Avenir sans promesses
Les yeux sont trop bavards
Ils disent tout sans détour
Plus encore, plus encore
Quand ils parlent d’amour
Devant le ridicule
S’impose la prudence
Ils cherchent la formule
Pour taire ce qu’ils pensent
Font de savants calcules
Sauvent les apparences
Mais leurs yeux incrédules
Admettent l’évidence
Voilà que discrètement
Elle regarde sa montre
Et lui presque content
Ne perd pas une seconde
De la main qu’il lui tend
Il met fin à la ronde
Sonne encore le temps
D’un espoir qui s’effondre
Les yeux sont trop bavards
Ils disent tout sans détour
Plus encore, plus encore
Quand ils parlent d’amour