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Conseils de la chasse

Dans l’introduction de cette chronique, nous avons vu que le castor, très recherché en Europe, a été une des raisons principales des échanges entre les Autochtones et les coureurs des bois devenus voyageurs, et que ces échanges ont mené à la naissance de la nation Métis. 

Au début des années 1840, quand la demande pour les peaux de castor diminue en Europe, on se tourne vers le bison qui représente une perspective économique intéressante. En plus de répondre à plusieurs besoins des Premières Nations, comme la nourriture, l’abri, les vêtements et les outils, plusieurs produits dérivés du bison sont vendus sur le marché américain. On peut mentionner la langue de bison séchée qui est un mets fin dans l’est du Canada et aux États-Unis, les vêtements et le cuir. On a en effet beaucoup besoin de cuir afin de fabriquer des courroies qui servent aux nombreuses machines durant la deuxième révolution industrielle.
 

Le bison était une véritable manne et fournissait les nécessités de la vie. On ne gaspillait aucune partie de l'animal. La viande, la graisse, les organes et la moelle procuraient de la nourriture et l'on utilisait la peau pour en faire des tentes, des chemises de nuit, des vêtements et des mocassins. On utilisait les os pour faire des outils et les côtes pour faire des patins de traîneau. Une fois évidées, les cornes étaient transformées en gobelets et en contenants pour la poudre à canon. On enfilait les incisives perforées pour confectionner des colliers et les vertèbres étaient transformées en jetons pour les jeux de hasard. Les vessies constituaient des récipients à eau idéals et la queue un excellent tue-mouches. Enfin, la bouse séchée fournissait du combustible en abondance dans les prairies.

Source : Les Métis, chasseurs de bisons, Musée canadien de l'histoire

Pour chasser le bison, on organise des expéditions de chasse réparties au cours de l’année. Ces expéditions peuvent durer de deux à trois mois et compter jusqu’à 2 000 chasseurs métis. Les groupes de chasse comptent habituellement un général ou un chef et de nombreux capitaines qui dirigent des sections. Les Métis sont rapidement conscients que le bison est une ressource non renouvelable qui doit être protégée et pour cela ils adoptent des « lois de la chasse » appelées aussi la « Loi des Prairies ».

Ces expéditions de chasse sont accompagnées de plusieurs femmes qui suivent les chasseurs à bord de charrettes. Ce sont elles qui transforment la viande à partir des carcasses pour en faire, entre autres, du pemmican
 

Les camps de chasse étaient rigoureusement organisés et dirigés sur un mode martial. Toutefois, on y observait aussi, lors des chasses, une forme de démocratie fondée sur le consensus. Dirigées par les aînés, des assemblées informelles étaient constituées avant chaque chasse pour garantir l’application des lois. Une fois toutes les charrettes réunies dans le camp, un conseil était élu de manière consensuelle, qui comprenait un chef, des officiers d’état-major, des capitaines, des soldats et des guides.

Source : La chasse au bison, Atlas des peuples autochtones du Canada

On apprend, dans la thèse de doctorat de Xavier Bériault mentionnée dans l’article précédent, que ces conseils de la chasse sont animés par des principes de démocratie directe, délibérative et représentative.

Les principes politiques des conseils de la chasse devront attendre la Résistance de 1869-1870 et le génie politique de Louis Riel avant de trouver leur forme institutionnelle la plus achevée avec la fondation du gouvernement d’Assiniboine qui a été chargé de négocier avec le Dominion canadien l’entrée de la province du Manitoba au sein de la Confédération.

Source : Thèse de doctorat de Xavier Bériault : Puissance et résistance dans le Nord-Ouest : Les réseaux politiques des Métis et de la Compagnie de la Baie d’Hudson à la Rivière-Rouge

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