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Le règne de la terreur et les périodes sombres

L’année qui suivit l’incident qui a mené à l’érection de la croix de la résistance et à l’installation du siège du gouvernement provisoire à Fort Garry (voir La croix de la résistance), Wolseley amène des troupes au Manitoba pour arrêter ce gouvernement de Louis Riel. 

Rappelons que le 12 mai 1870, la Loi sur le Manitoba entre en vigueur et fait du Manitoba la cinquième province du Canada. Et en vertu de cette loi, on promet aux Métis 1,4 million d’acres de terre… promesse qui ne sera jamais tenue. C’est le 15 juillet de la même année que les troupes du colonel Garnet Joseph Wolseley entreprennent leur périple vers Winnipeg, marquant ainsi le début du règne de la terreur. L’expédition militaire doit servir à forcer le transfert des terres de la Compagnie de la Baie d’Hudson, une vaste étendue connue sous le nom de Terre de Rupert qui comprend la colonie de la Rivière-Rouge, au Dominion du Canada, mais elle a pour but aussi d’affronter Louis Riel et la résistance métisse.

Craignant pour sa vie, car il est faussement accusé d’avoir condamné à mort l’orangiste Thomas Scott, le jeune Louis Riel fuit aux États-Unis à l’arrivée des troupes de Wolseley. Il s’ensuit un règne de terreur; les Métis sont la cible de racisme, y compris d’actes violents et d’assassinats.

Après 1870, les Métis ne se sentent plus les bienvenus dans la colonie de la Rivière-Rouge – une étendue de terre qu’ils considéraient autrefois comme leur chez-soi. Nombre d’entre eux se cachent et s’installent dans des communautés qu’ils construisent sur des emprises routières à la périphérie des villes, ou tentent de se fondre dans la nouvelle communauté de colons en niant leurs racines métisses. De plus, en vertu de la Loi sur les Indiens introduite en 1876, les Métis n’appartiennent pas non plus aux réserves même si plusieurs d’entre eux ont des membres de leur famille vivant chez les Premières Nations voisines.

C’est le nœud du problème lorsqu’il s’agit de l’identité métisse — nous avons de la difficulté à déterminer notre appartenance. – Arianne Mulaire
 

L’histoire d’Elzéar témoigne de la réalité des Métis dans les années 1870.


« En août 1870, l’expédition militaire de Garnet Joseph Wolseley arrive à Upper Fort Garry. Cette expédition est envoyée par Ottawa pour prendre le contrôle et maintenir la paix à la Rivière-Rouge jusqu’à l’arrivée du lieutenant-gouverneur Archibald. Wolseley et ses miliciens devaient agir comme une force policière et protéger l’Ouest de tout soulèvement futur. Louis Riel et de nombreux membres de son gouvernement provisoire quittent la région par crainte de représailles violentes pour la mort de Thomas Scott. Elzéar choisit de rester à la Rivière-Rouge, un choix qui s’avérera fatal.

Quelques semaines après l’arrivée de l’expédition militaire de Wolseley, le 13 septembre, Elzéar entra au Red Saloon situé à l’angle de l’avenue Portage et de la rue Main, à Winnipeg. Le Red Saloon était un établissement de boissons déchaîné et tapageur dirigé par des frères américains de New York, Bob et Hugh F. O’Lone. Ce saloon était si déchaîné que Bob O’Lone a été tué pendant une bagarre dans un bar, dont il était le propriétaire, peu de temps après la mort d’Elzéar à l’automne 1870.

Hugh O’Lone était membre du gouvernement provisoire de Riel, qui fit du Red Saloon un point d’eau sûr jusqu’à l’arrivée de l’expédition militaire de Wolseley à la Rivière-Rouge. Les soldats de Wolseley étaient stationnés à Upper Fort Garry, à seulement quelques centaines de mètres du Red Saloon. Le Red Saloon devint bientôt la taverne de choix pour les soldats et autres partisans orangistes.

On ne sait pas pourquoi Elzéar Goulet entra au Red Saloon le 13 septembre 1870. Il y entra hardiment au milieu de l’après-midi croyant que c’était le bon moment pour éviter les conflits avec les clients, mais il réalisa trop tard qu’il était entré dans un nid de frelons d’une couvée mortelle d’hommes ivres. Il a été reconnu pour son rôle dans la résistance par John Farquharson, qui avait été prisonnier du gouvernement provisoire. Goulet a été poursuivi sur la rue Post Office, aujourd’hui l’avenue Lombard, par Farquharson et une bande de justiciers dirigée par des agents de l’Ontario Rifles. Au bout de la rue, Elzéar Goulet, désespéré, a plongé dans la rivière Rouge depuis le débarcadère du bateau à vapeur pour tenter de traverser la rivière à la nage afin de se mettre en sécurité à Saint-Boniface. Il a été bombardé de pierres par ses poursuivants et a été frappé à la tête. Inconscient dans les courants boueux de la rivière, il s’est noyé.

De nombreux soldats de l’Ontario Rifles et des volontaires canadiens se joignirent à l’expédition militaire de Wolseley pour se venger de l’exécution de Thomas Scott. Ils ont clairement vu cette situation comme une occasion de le faire. L’attaque de la foule était hors de contrôle. Selon un témoin, Joseph Tennant, qui occupait le poste de clairon avec les Ontario Rifles, a déclaré au cours de l’enquête : « La foule frénétique à sa poursuite a lancé des missiles de toutes sortes sur l’homme traqué et l’a lapidé à mort dans l’eau. »

Elzéar meurt à l’âge de 34 ans et est enterré au cimetière de la cathédrale de Saint-Boniface. Le premier lieutenant-gouverneur du Manitoba, sir Adams George Archibald, nomma deux magistrats de la Compagnie de la Baie d’Hudson pour mener une enquête sur la mort d’Elzéar. Vingt témoins ont été entendus, des mandats d’arrêt contre les poursuivants ont été préparés, mais aucune arrestation n’a été effectuée. Le gouvernement d’Ottawa a laissé toutes les décisions concernant l’issue de l’enquête aux autorités locales, qui étaient clairement partiales ou essayaient simplement d’empêcher la situation de devenir incontrôlable et de faire régner leur pouvoir sur la foule.

Durant cette période, Elzéar n’est pas le seul à être pris pour cible et attaqué par des miliciens. D’autres hommes métis qui faisaient partie du gouvernement provisoire de Riel ont été violemment battus et l’un d’eux a été assassiné par des assaillants non identifiés. À Rivière-Rouge, on croyait généralement qu’il s’agissait d’actes de vengeance pour la mort de Thomas Scott, et comme aucune mesure officielle n’avait été prise pour traduire ces crimes en justice, la loi semblait favoriser ceux qui commettaient ces crimes. Comme de nombreux Métis craignaient pour leur sécurité, plusieurs familles métisses ont déménagé dans des endroits comme le Montana, la Saskatchewan et l’Alberta.

En 1870, après la mort d’Elzéar, le recensement de la Rivière-Rouge indique qu’Hélène Goulet est une Métisse française de vingt-six ans, vivant actuellement à Saint-Boniface, veuve et catholique. Elle avait alors déménagé avec ses six enfants, Alfred, Elise, Albert, Roger, Sara et Elie pour vivre avec sa belle-mère, Josephte Siveright Goulet et son beau-frère de quinze ans, Maxime Goulet à Saint-Boniface. 

 

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