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Fin du voyage ou… voyage sans fin!

Chère amie,

C’est avec quelques extraits d’un livre intitulé Camarade, ferme ton poste de l’auteur et cinéaste Bernard Émond que je terminerai ce voyage philosophique :

« Le monde, mesdames et messieurs, a besoin de lecteurs, des gens qui ferment leur télé. Leur radio, leur ordinateur, leur tablette, leur lecteur MP3, leur téléphone, leur montre intelligente, des gens qui décident courageusement d’affronter leur solitude, et de s’astreindre à la réflexion en ouvrant un livre ».

Et plus loin, il ajoute :

« Il me semble que ces moments de silence et de solitude où nous entrons dans une œuvre nous apprennent à être attentifs à la beauté du monde, ce qui est la première condition pour vouloir la sauvegarder. Loin du bruit et du fracas, nous devenons plus sensibles aux êtres et aux choses ».

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Et à propos de la mission de l’éducation, il dira ceci :

« Former des lecteurs, des gens qui n’auront pas peur ni du silence, ni de la solitude, ni de la complexité, ni de la profondeur, former des gens qui seront sensibles à la beauté du monde, à ce qui en reste, et qui, à cause de cela voudront la défendre, voilà quel devrait être notre travail ».

Tu l’as sans doute constaté : j'aime les livres! J'aime apprendre, j'aime réfléchir sur moi-même et sur le monde dans lequel je vis, et c'est en cela que les livres me sont indispensables. Ils me permettent de mieux me connaître. Ils m'aident aussi à donner un sens à ce qui n'en a pas, à échapper à l'absurde. Il arrive cependant que je m'y perde. Les livres peuvent parfois nous servir de remparts, de refuge pour nous abstraire de nos devoirs d'engagement envers les autres, envers la vie. Je leur reconnais tout de même une grande valeur, en sachant bien qu'ils ne peuvent m'amener là où mon âme m'appelle. Le savoir, même celui qui porte à la réflexion sur soi, ne nous conduira la plupart du temps qu'au premier niveau de la conscience humaine. 

Je retiens ceci du psychanalyste Jean Allouch : 

« [...] il importe de distinguer le "connais-toi toi-même" philosophique "du souci de soi"spirituel. Le "connais-toi toi-même"s'accommode très bien d'un sujet qui aurait accès à la vérité (une, rationnelle, cartésienne) sans avoir à se transformer. À la différence du "souci de soi"où la vérité n'est concevable qu'en tant qu'elle passe par le sujet, par les transformations du sujet lui-même ».

Je dois admettre en effet que mes efforts d'introspection m'ont apporté bien plus que toutes les connaissances acquises sur les bancs d'école. Les va-et-vient de mon âme, ses caprices, auxquels j'ai dû infailliblement me plier, de même que les risques que j'ai pris pour vivre plus intensément ma vie, m'ont conduit mieux que les livres aux portes du deuxième niveau de la conscience humaine, là où commence véritablement la vie spirituelle. La spiritualité ne se vit pas dans les nuages, elle se vit aux creux des âmes qui se lient les unes aux autres. 

Aimer les livres, aimer la connaissance, mais plus encore, aimer la vie! Et se lier aux autres aussi…

« Pour le changer, ce monde, dit l’écrivain Yvon Rivard, il ne suffira pas de le comprendre, il faudra aussi l’aimer, toute connaissance rationnelle s’arrêtant au seuil du mystère ».

La force d’aimer, de cheminer vers la sagesse, habite souvent le cœur des gens les plus simples, comme le disait si bien Montaigne (1533-1592) :

« J'ai vu en mon temps cent artisans, cent laboureurs, plus sages et plus heureux que des recteurs de l'université, et auxquels j'aimerais ressembler ». 

Sur ce chemin, le voyage est sans fin…

Amitiés,

Guy

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