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À une amie qui m’annonçait l’achat de sa première maison, j’ai demandé quand elle comptait pendre la crémaillère. Elle ne connaissait pas cette expression et je me suis retrouvée en peine de lui expliquer ce qu’était une crémaillère et l’origine de cette locution. Je me suis donc plongée dans les dédales du Web, pour en ressortir avec le désir de partager avec vous de « bonnes bouchées de langue ».

Pendre la crémaillère

Quand on emménage, on pense aux boîtes, au mobilier, au décor… mais rarement à la crémaillère! Et pourtant, c’est elle qui donne son nom à cette fête si conviviale : pendre la crémaillère. Une expression étonnante, dont la saveur médiévale se cache derrière un geste tout simple : celui d’accrocher une tige de fer dans l’âtre d’une maison neuve.

 

D’où vient cette expression?

Au Moyen Âge, la crémaillère était une pièce essentielle de la cuisine : une tige de fer munie de crochets, suspendue dans la cheminée, qui permettait d’ajuster la hauteur du chaudron au-dessus du feu. Quand on s’installait dans une nouvelle demeure, l’un des premiers gestes consistait à « pendre la crémaillère », autrement dit, à préparer le foyer pour pouvoir y faire la cuisine. Ce geste marquait l’entrée dans la vie domestique : une maison devenait véritablement un « chez-soi » lorsqu’on pouvait y cuire son premier repas.


L’expression est attestée dès le XVᵉ siècle, mais ce n’est qu’au XVIIIᵉ qu’elle prend le sens figuré que nous lui connaissons aujourd’hui : célébrer un emménagement.

Une fête d’installation

Aujourd’hui, « pendre la crémaillère » n’a plus grand-chose à voir avec le feu de bois ni avec le chaudron. On l’emploie pour désigner la fête organisée à l’occasion d’un nouvel emménagement, un moment de partage et de joie après les tracas du déménagement.

Exemple : « Ils ont enfin emménagé! Ils pendront la crémaillère samedi prochain. »


La tradition veut qu’on y invite les proches, qu’on partage un repas ou un verre, et qu’on offre un petit cadeau symbolique pour bénir la maison : autrefois, du sel et du pain; aujourd’hui, une plante, une bougie ou une bouteille de vin.

 

Clin d’œil culturel

Dans certaines régions de France, on disait qu’il fallait absolument faire du feu le jour de l’emménagement, faute de quoi la maison « manquerait d’âme ». Au Manitoba, la coutume a pris une tournure plus moderne : les gens « pendent la crémaillère » en allumant le barbecue ou en préparant un grand repas communautaire, preuve que, même loin du foyer ancestral, la chaleur humaine remplace avantageusement la cheminée.

Petit lexique du goût

Sens : fêter son installation dans un nouveau logement.
Origine : la crémaillère était la tige de fer crantée suspendue dans la cheminée, sur laquelle on accrochait les marmites. L’installer signifiait que l’on pouvait maintenant habiter dans la maison.
Ancienne expression de signification similaire : tenir feu et lieu (S'établir de manière permanente quelque part, devenir propriétaire ou résident d'un lieu, s'y implanter avec une famille.)
En anglais : housewarming party, littéralement « fête qui réchauffe la maison ».
Mot apparenté : crémaillère vient du mot cramier, ancien terme pour «
 crochet de fer ».

Autrefois, on pendait la crémaillère pour faire bouillir la soupe; aujourd’hui, on le fait pour faire monter la joie. Et dans les deux cas, il s’agit bien de la même recette : un peu de feu, beaucoup d’amitié, et un foyer qui prend vie.
 

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