Chaque mois, depuis un an, nous avons exploré deux mots peu connus, mais hautement expressifs. Pour conclure cette série, nous plongeons dans les méandres du corps affaibli et de la pensée embrouillée, avec cacochyme et obfuscation.
Cacochyme
Se dit d’une personne ou d’un corps en très mauvaise santé, affaibli, souvent de manière chronique. On l’emploie parfois de façon légèrement moqueuse ou exagérée pour désigner quelqu’un de particulièrement malingre ou décrépit. Du grec ancien kakos (mauvais) et khymos (humeur, suc). Dans la médecine antique, on croyait que la santé dépendait de l’équilibre des « humeurs » corporelles. Le cacochyme, c’est celui chez qui les « humeurs » sont mauvaises ou déséquilibrées.
Exemples :
– Son oncle cacochyme avait toujours un rhume ou un mal de dos.
– Après trois jours de fièvre, je me sentais aussi cacochyme qu’un vieillard centenaire.
À noter : Ce mot est un peu vieilli, mais il reste savoureux dans un style soutenu ou ironique.
Obfuscation
L’obfuscation désigne le fait de rendre volontairement quelque chose flou, confus ou difficile à comprendre que ce soit un discours, une explication, une intention. Le mot est souvent utilisé en politique, en informatique ou dans la critique sociale. Du latin obfuscare (obscurcir), lui-même formé de ob- (devant) et fuscus (sombre, brun). Le mot est entré en français au XIXᵉ siècle via l’anglais obfuscation, qui l’utilisait déjà depuis le XVIᵉ siècle.
Exemples :
– L’obfuscation délibérée du rapport visait à empêcher le public de comprendre la vérité.
– En programmation, on parle d’obfuscation de code lorsqu’un code source est volontairement rendu illisible, pour éviter qu’il soit copié ou piraté.
À noter : Contrairement à cacochyme, obfuscation est un mot moderne, très vivant dans les milieux techniques et critiques.
Deux mots, deux angles de clarté
L’un nomme la décrépitude du corps, l’autre, le brouillage de l’esprit. Ces deux mots illustrent avec justesse combien notre langue sait nommer des états aussi subtils que puissants. En les apprivoisant, nous gagnons en précision… et en saveur! Et ceci clôt cette série sur les mots trrrrrès précis.



