Marc-Éric Bouchard
Les propos de Marc-Éric Bouchard, chroniqueur sportif de Radio-Canada dans l’Ouest et le Nord, ont été recueillis lors d’une entrevue pour le magazine Le Nénuphar.

Marc-Éric, parlez-nous de votre parcours scolaire.
J'ai grandi à Hébertville-Station, un petit village de 1 200 habitants où mon père était producteur de poulets. J'ai fait mon primaire au village, puis mon secondaire au Séminaire Marie-Reine-du-Clergé, à environ 15 minutes de route, à Métabetchouan. Cette école secondaire privée, réputée dans la région, était dirigée par un de mes oncles. Mes parents l'ont préférée à l'école publique. Non mixte à l'époque, on devait réussir un examen d'admission pour y entrer.

Église Notre-Dame-de-l'Assomption d'Hébertville, Wikipédia

Séminaire Marie-Reine-du-Clergé
Judith Houde 2011, © Société des musées québécois
Répertoire du patrimoine culturel du Québec
Après le secondaire, j'ai fait mes deux années de Cégep à Chicoutimi, tout en suivant un « pré-grand séminaire» au Centre Étudiant Diocésain. Je vivais donc en communauté avec des jeunes aspirant à la prêtrise, accompagnés par des membres du clergé. La journée, j'étais au Cégep; le soir, nous assistions aux messes et discutions de notre avenir. Chaque semaine, je rencontrais un accompagnateur spirituel. Lorsqu'est venue la question de poursuivre en théologie dans un grand séminaire, il m'a dit franchement : « Ce n'est pas ta voie. Tu ne seras pas heureux dans ce domaine. »

Cégep de Chicoutimi, cchic.ca
Depuis toujours, le journalisme m'attirait. J'avais aussi une passion pour le hockey, que j'ai pratiqué toute ma vie, mais je savais que je n'avais pas le calibre pour devenir professionnel. Sachant que moins de 3 % des jeunes hockeyeurs canadiens accèdent à la LNH, je me suis tourné vers un autre rêve : devenir journaliste sportif.
Parmi les universités où j'ai été accepté (Montréal, Ottawa, Québec, Moncton), j'ai choisi l'Université de Moncton. La formation y était plus pratique, avec des cours de radio, de télévision et du journalisme de terrain. C'était aussi l'occasion de quitter le giron familial et de découvrir l'Acadie. J'y ai fait une double majeure en journalisme et en sciences politiques.
J'ai passé près de six ans à Moncton. L'été, alors que la plupart des étudiants rentraient chez eux, je restais pour travailler dans les médias de la péninsule acadienne (Caraquet, Shippagan, etc.). J'ai ensuite complété une mineure en éducation physique afin de mieux comprendre le système musculaire et enrichir mes connaissances en sport.
Diplômes obtenus :
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Études secondaires : 1988
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Études collégiales : 1990
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Études universitaires : 1996
Qu'avez-vous fait après vos études ?
Je suis revenu au Québec en pleine crise des médias. J'ai envoyé une cinquantaine de CV sans recevoir la moindre réponse. C'était l'époque des fusions de stations de radio et de la restructuration télévisuelle. Internet n'était pas encore très présent et les chaînes sportives n'existaient pas. Trouver un emploi dans les médias était très difficile pour un jeune diplômé.
De retour chez mes parents, j'ai appris l'existence de journaux francophones dans l'Ouest canadien, comme L'eau vive en Saskatchewan et La Liberté au Manitoba. J'ai posé ma candidature à La Liberté, passé les tests par fax, une entrevue téléphonique... et j'ai obtenu un poste de journaliste aux actualités.
En septembre 1996, j'ai pris la route seul, du Lac-Saint-Jean à Saint-Boniface. J'y suis resté trois ans, et c'est là que j'ai rencontré l'amour de ma vie. En allant ouvrir un compte à la Caisse populaire, j'ai fait la connaissance de la gérante des caissières, devenue par la suite ma compagne.

Article de Marc-Éric Bouchard dans La Liberté du 15 au 21 août 1997.
Source : Archives de La Liberté
Le 31 mai 1999, j'ai obtenu un poste aux actualités à Radio-Canada : faits divers, agriculture, etc. C'était une période très différente. La télé et la radio étaient dans des bâtiments séparés, le Web n'existait pas encore...
Des faits divers aux sports
J'étais prêt à couvrir n'importe quel sujet à Radio-Canada : agriculture, porcheries... Le journalisme était une passion. Mais mon rêve, c'était le sport, marcher dans les traces de René Lecavalier ou Richard Garneau.

Photo prise au Temple de la renommée du hockey à Toronto.
En 1999, grâce aux Jeux panaméricains à Winnipeg et à des élections générales, la demande de journalistes était forte. C'est comme ça que je suis passé à la télé. Il y avait aussi des besoins à la radio. Quand Robert Boucher a pris un congé de maladie, je l'ai remplacé à la réalisation de l'émission du midi. J'ai fait du journalisme radio, un peu de tout, mais toujours sous contrat, sans poste permanent. Entre deux contrats, je me suis marié, en septembre 2000.
La couverture sportive de Radio-Canada pour les provinces de l'Ouest était alors basée à Regina. Le poste a ensuite été supprimé au profit d'une fonction nationale. Pour renforcer sa présence à Calgary, Radio-Canada y a transféré la couverture sportive de l'Ouest. En février 2001, j'ai participé au concours national pour ce poste et...
(la suite au prochain numéro)