Marc-Éric Bouchard
Les propos de Marc-Éric Bouchard, chroniqueur sportif de Radio-Canada dans l’Ouest et le Nord, ont été recueillis lors d'entrevues pour le magazine Le Nénuphar.
(Suite du dernier article)
Vous disiez avoir rencontré bien des gens au cours de votre carrière…
Oui. J’ai toujours eu un grand désir de toucher à toutes sortes de choses. Avant même de me spécialiser dans les sports, j’étais animateur à la radio. Et je ne faisais pas du tout de sport, à ce moment-là. J’étais curieux de tout.
Je faisais de la radio pour payer mes études. J’étais étudiant à Moncton, en journalisme et sciences politiques, et je travaillais à la radio le soir. Je n’étais pas encore dans le domaine sportif. J’animais des émissions, je recevais toutes sortes d’invités.
C’est d’ailleurs à Moncton que j’ai vécu un moment marquant : au Congrès mondial acadien en 1994, alors que j’animais une grosse émission quotidienne. C’était incroyable! On recevait des invités tous les jours. J’y ai rencontré Zachary Richard, Laurence Jalbert, Roch Voisine… mais aussi des scientifiques comme Albert Jacquard ou Hubert Reeves.
Ce congrès-là m’a permis de découvrir toute la richesse des communautés francophones à l’extérieur du Québec. Les Cajuns venaient témoigner, ils racontaient comment ils avaient failli perdre leur culture. Et Zachary Richard, lui, menait carrément une croisade pour la préserver.
C’est grâce à des moments comme ça que je suis devenu le journaliste que je suis aujourd’hui. Oui, je suis le gars des sports, mais je suis beaucoup plus que ça. Je suis un gars qui croque dans la vie, qui aime aller à la rencontre des gens.
Est-ce que vous ne regrettez pas parfois d’être « cantonné » au monde du sport, à tout le moins dans l’esprit des gens?
C’est une excellente question, parce que justement, je n’ai pas été relégué aux sports. J’ai aussi animé pendant six ans l’émission Les retours de l’Ouest à Radio-Canada. C’était diffusé les jours fériés. Chaque émission avait un thème : la famille, la religion, le travail… J’y recevais des musiciens, des acteurs, des chanteurs, des gens de tous horizons. Ça me sortait complètement du sport. Et j’adorais ça, parce que ça me permettait de toucher à mes autres passions.
J’ai toujours voulu montrer que Marc-Éric Bouchard, ce n’est pas juste le gars des sports. Et le plus beau compliment qu’on puisse me faire, c’est quand les gens me disent : « Moi, les sports, ça m’intéresse pas… mais je t’écoute parce que j’aime comment tu racontes les choses. » Ça, c’est ma plus grande récompense.
J’adore le sport, mais j’aime aussi sortir du cadre. Parce qu’au fond, ce qui me passionne, c’est l’humain. Que ce soit un joueur de hockey, un scientifique, un chanteur, je veux savoir d’où la personne vient, ce qu’elle a traversé, ce qui la rend unique.
Je pense à Phil Comeau, le réalisateur acadien qui a réalisé le premier long métrage de fiction acadien de l’histoire. Je l’ai interviewé au Congrès mondial acadien. J’adore le cinéma, et avec lui, j’ai appris plein de choses. C’est ça qui me nourrit : aller chercher ce qu’il y a derrière l’image publique des gens.
Qu’est-ce qui fait la réputation de Marc-Éric Bouchard?
Ce qui ressort souvent des témoignages de mes collègues, c’est que je suis un gars toujours de bonne humeur, très émotif, facile à côtoyer. J’ai reçu une reconnaissance de Radio-Canada pour mes 25 ans de carrière. Et ce qu’ils disaient, c’est que je fais des entrevues très humaines. Et c’est ça, pour moi, la base du métier : aller chercher le côté humain chez la personne qu’on interviewe. J’adore le sport, mais j’adore encore plus les histoires humaines, parce qu’au fond, ce qui me touche, ce sont les émotions, les histoires de vie et la passion qui anime les gens.
Et même si ça demande énormément de travail de préparer ces entrevues, de faire toutes ces recherches, j’aime ça. Parce que chaque rencontre m’enrichit. Et tant que j’aurai cette curiosité-là, je vais continuer.








