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Les écoles industrielles

Dans le but d’assimiler les personnes autochtones, les missionnaires et le gouvernement avaient élaboré plusieurs tactiques dont celle de la sédentarisation, que l’on peut retracer à la présence de l’Église dans les prairies. Quoique les communautés autochtones n’étaient pas nécessairement nomades, il y avait plusieurs déplacements au courant de l’année pour satisfaire les besoins d’approvisionnement. C’est ainsi que l’éducation a été utilisée, et continue d’être utilisée, comme forme d’assimilation.

Plusieurs membres de l’Église catholique, y compris Mᵍʳ Vital-Justin Grandin et Mᵍʳ Alexandre Taché, ont appuyé et même promu les pensionnats et les écoles industrielles, où plusieurs Métis ont été envoyés. 

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Un groupe d'élèves d'une école industrielle, 1892, Collection générale de la Société historique de Saint-Boniface

[Le texte suivant a été adapté par Arianne Mulaire avec la permission de la Société historique de Saint-Boniface.]

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Une telle école est l’école industrielle de Saint-Boniface qui a ouvert ses portes en 1890 et fait venir des enfants métis et des Premières Nations de plusieurs communautés. Cette école a été administrée par le diocèse de Saint-Boniface et les Sœurs Grises du Manitoba. En 1890, même si la construction n’est pas terminée, on y loge 21 petites filles placées sous la direction de sœur Clément. En décembre, la construction terminée, l’école est placée sous la direction de l’abbé Arthur Lavigne et recrute aussi 16 garçons. 

On rassemble, dans l’école, des enfants provenant des multiples réserves autochtones du Manitoba. On y trouve des enfants de Fort Alexandre (Sagkeeng), Sandy Bay, Peter Ballendine, Beren’s River, Nelson River, Pine Creek, Roseau River, Grassy Narrows, St. Peter’s (Peguis), Brokenhead et même de Wabigoon (Ontario).

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École industrielle de Saint-Boniface, [1895], Collection générale de la Société historique de Saint-Boniface

Les enfants métis composent presque la moitié des enfants qui passent par les portes de l’établissement, mais leurs communautés d’origine sont rarement notées. D’après leurs lieux de naissance, plusieurs d’entre eux semblent avoir été recrutés à Saint-Laurent et à Saint-Boniface.

Comme dans les autres écoles industrielles, on enseigne aux élèves les métiers manuels en plus des matières scolaires. Les garçons y apprennent donc la menuiserie, la forge ou la cordonnerie alors que les filles apprennent le travail domestique, à carder la laine, à coudre ou à faire la cuisine. Mais l’intention est surtout de leur imposer un mode de vie agricole. Mgr Langevin, qui devient archevêque de Saint-Boniface en 1894, fonde aussi une fanfare à l’école industrielle. En plus de la musique, les enfants sont initiés au théâtre, à la littérature et au dessin.

En 1896, l’administration de l’école industrielle de Saint-Boniface passe aux mains des Oblats. Les Sœurs Grises continuent cependant d’y œuvrer tandis que les pères Oblats s’occupent de l’administration, du recrutement, de l’enseignement des plus âgés et de la surveillance des garçons.

En 1903, on compte environ 110 élèves. Mais déjà, en 1897, le recrutement des élèves pose un défi aux religieux. Les parents autochtones hésitent à envoyer leurs enfants aussi loin de chez eux. En outre, les élèves s’enfuient, tombent malades, meurent ou s’absentent pendant de longues périodes lorsque leur famille part pour la chasse ou lorsque des parents ont besoin d’eux à la maison. De temps à autre, les parents refusent carrément de renvoyer leurs enfants à l’école.

L’école industrielle de Saint-Boniface ferme donc ses portes en 1905. Au cours de son existence en tant qu’école industrielle, il y eut un total d’environ 300 enfants qui l’ont fréquentée. De ces 300, environ la moitié (126 enfants) sont identifiés comme Métis; et presque un tiers (87 enfants) sont morts à l’école ou peu après leur départ. Selon les documents d’archives, la majorité de ces enfants sont enterrés au cimetière de la cathédrale dans des tombes anonymes.
 

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