top of page

Entre le paradis et l'enfer... des moustiques!

La seule différence qui existe entre le paradis eschatologique et le Manitoba l’été, c’est que le Manitoba en été ça existe vraiment!

La messe est dite!

Après tant de mois d’attente, de stress, de bureaucratie et de préparation acharnée pour la nouvelle vie, Saint-Boniface nous offre le repos du guerrier. On a juste envie de lâcher prise, de faire le vide dans sa tête, de « poser ses bagages » au propre et au figuré, bref, de vivre.

D’enfin vivre!

Et le Manitoba nous en donne les moyens.

Des fleurs, des oiseaux, un air pur, de la fraîcheur, de l'eau pure dans la rivière Rouge, l’Assiniboine et tous les cours d’eau que j’ai pu voir, du calme, du silence, des écureuils, des lièvres. C'est la définition que ma foi donne du Paradis.

08.jpg
13.jpg
09.jpg
12.jpg

J’ai envie de vous parler aussi des beautés qui se promènent et se font le plein de vitamine D, mais ça ne sera pas très catholique et puis ma bourgeoise lira fatalement ce texte et je ne veux pas de problèmes.

Le vert est partout, tellement présent et imposant que la ville punirait les habitants qui ne « désherbent » pas leurs allées. J’ai souvenir d’une maison inhabitée sur la rue Ritchot (ou Langevin, je suis confus) et dont l’herbe n’a donc pas été taillée pendant des semaines. Ce fut une jungle! Le trottoir pour piéton était presque fermé, car cerné de part et d’autre par de longues herbes à fleurs certes belles. Il y avait là des insectes de la région équatoriale (!!); des coccinelles, des libellules, des papillons qui font peur, des moustiques…

Ah les moustiques!

Ô, mon Dieu, les moustiques!

Le serpent dans ce Paradis.

Ma vie à Saint-Boniface en été a changé le jour où j’ai découvert qu’il existait des vaporisateurs antimoustiques très efficaces et pas chers. Avant, que vous dire? Nos corps étaient si boutonneux qu’on dirait le tableau de bord de l’Airbus A321 XLR, le dernier-né de la compagnie!

Ah les démangeaisons!

On s’arrachait la peau.

Fort heureusement, les fenêtres des maisons sont toutes munies de filets antimoustiques qui ne laissent passer aucun insecte.

Nos nuits étaient paisibles.

Enfin, les nuits, plutôt ce qu’il en reste! Comment convaincre ses enfants qu’il est l’heure d’aller se coucher lorsqu’ils voient le soleil dehors?

Moi ça m’arrangeait, des journées longues signifiaient plus de tâches accomplies et j’ai dit un jour qu’il est « dommage qu’on soit obligés de dormir ».

J’y reviendrai.

* * *

C’est lors de ma première nuit au Manitoba que j’ai vraiment saisi la proximité de l’Arctique, et une deuxième fois en cette fin janvier où j’ai vu dans le ciel pour la première fois de ma vie un arc-en-ciel en forme de cercle parfait avec le soleil au milieu et son reflet du côté droit et gauche, nous faisant voir trois soleils!

J’étais à pied à côté du CDEM sur la rue des Meurons quand j’ai vu ça. Un passant ayant aussi les yeux au ciel et voyant qu’on se partageait cette curiosité m’interpella et me dit : « C’est la fin du monde! ».

Non, mais calme-toi Momo. Même si ce monde-là arrive à son terme, Elon Musk dépense des milliards pour nous en offrir un autre sur Mars! Il dit vouloir mobiliser 1 000 vaisseaux spatiaux pour bâtir une civilisation prospère sur la planète rouge.

Ne parlons pas de malheur.

Revenons aux beautés.

Dans plusieurs de ses conférences et interventions, l’écrivain franco-algérien Kamel Daoud, lauréat du prix Goncourt 2024, avait l’habitude de dire : « Lorsque je vois les femmes dans les rues, je me sens en sécurité »! C’est le sentiment que j’ai lorsque je me promène. De jour comme de nuit.

J’ai parcouru durant mes deux premiers mois, tout Saint-Boniface et tous les principaux quartiers de Winnipeg, à vélo!

Un abonnement d’une année (à 10 $) chez mes amis de « Vélocité » derrière la cathédrale m’a permis d’en acquérir un pas cher, et des réparations au besoin à des prix très symboliques. Ils donnent même des vélos aux enfants de moins de neuf ans!

Ah le Manitoba!

Terre de générosité.

Un jour, j’ai fait 38 kilomètres à vélo uniquement sur les trottoirs et quelques pistes cyclables! Le chemin était continu et il n’y avait pas la moindre embûche sur toute cette distance! C’est dire la qualité des trottoirs et la résistance, malgré les aléas du climat, du travail bien fait. Je me suis musclé les jambes et je le ferai l’été prochain vu que la sédentarité de l’hiver m’a fait gagner des couches de graisse. La routourne va tourner, disait Franck Ribéry.

J’ai lu, avant de venir, que Winnipeg était la ville culturelle par excellence. Je voulais en tirer profit au maximum et la première des choses que j’ai faites, le lendemain de notre arrivée, était de tous nous inscrire à la bibliothèque publique de Saint-Boniface. Le personnel était, que dire? À la hauteur de mes attentes.

Les Canadiens peuvent t’écouter parler pendant des heures et s’intéresser à ce que tu leur dis sans t’interrompre. C’est ce qu’on se dit dans mon pays natal, je l’ai confirmé ce jour-là et chaque jour jusqu’à présent.

* * *

Je me suis inscrit dès le début aussi, bien avant la location et la recherche d’emploi, au programme Winnipeg Loisirs et je profite jusqu’à présent de l’accès gratuit à tous les centres de loisirs offerts par la ville et ses organismes aux nouveaux arrivants (piscines, parcs aquatiques, salles de gym, salles de sport, Centres de ressources éducatives à l’enfance (CRÉE), les grandes « arénas » pour patinage et hockey).

La bibliothèque donc, tout ce qu’offre Winnipeg Loisirs et puis La Fourche.

La Mecque des artistes, des touristes et des visiteurs.

03.jpg
06.jpg

Le cœur battant de Winnipeg.

Quand on n’a rien de spécial de prévu pour le week-end, on va à La Fourche et là forcément, toujours, il y a de l’animation, il y a de la beauté (mes hommages à ma bourgeoise), il y a à voir et à manger! J’y ai mangé le premier jour un plat de poutine au poulet et au miel que je ne suis pas près d’oublier.

La Fourche est l’endroit où je remis pour la première fois mes convictions et ma décision en cause, ce fut à l’occasion de la Journée nationale des peuples autochtones, le 21 juin. Nous avons donc assisté à la célébration, étant donné que je m’intéresse aux Autochtones, aux Métis et à leur histoire. L’ambiance était magnifique, les gens souriants, disponibles et de contact facile. J’étais émerveillé par le nombre impressionnant de personnes présentes, par tous ces mélanges de couleurs, de bijoux, par toutes ces danses au rythme de la musique « pow-wow ».

Deux enfants arrivent sur scène et exécutent avec brio cette ancienne danse, vêtus de ces habits traditionnels. Tout le monde les encourageait, tout le monde applaudissait, tout le monde s’en réjouissait et semblait fier : le flambeau est passé! La nouvelle génération s’imprègne de l’héritage des anciens.

J’ai pensé aux miens; enfants et ancêtres. Je pensais à la déculturation et à l’acculturation que je leur faisais subir par mon choix. Je pensais à ma culture que j’affaiblissais d’une façon ou d’une autre en quittant les miens, dans un monde qui se clanise et se communautarise. J’ai pleuré. J’ai beaucoup pleuré.

Ma bourgeoise aussi.

Mais ne parlons pas de malheur.

C’est passé, nous sommes heureux.

Ne vous inquiétez pas!

La vie est trop belle et trop courte pour qu’on la gâche avec la douleur du passé (étymologiquement Nost-Algie, selon Michel Onfray). 

À la prochaine!

Liste de tous les articles de.jpg
bottom of page