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Il est des personnes chez qui l’on perçoit, parfois, un lien étroit entre le sérieux implacable et la critique acerbe. Peut-être parce qu’ils sont incapables de rire, ou peut-être parce que leur esprit, trop rigide, se tourne naturellement vers la censure et la réprobation. Faut-il croire que les agélastes finissent toujours par devenir des zoïles? Ou bien est-ce le fait d’être zoïle qui rend agélaste? À vous de juger, mais une chose est sûre : ces deux mots, aussi rares que savoureux, méritent leur place ici.

Agélaste

 

Agélaste vient du grec ancien agélastos (ἀγέλαστος), composé de a- (privatif) et gelastos (« qui rit »), donc littéralement « qui ne rit pas ».

Le mot est attesté en français dès le XIXᵉ siècle, mais il reste rare. Il a été remis en lumière notamment grâce à l’écrivain Milan Kundera, qui l’utilise pour désigner ceux qui sont réfractaires à l’humour, incapables de saisir la dimension comique de l’existence. L’agélaste n’est pas seulement sérieux : il est imperméable à toute forme de légèreté, parfois au point de l’intolérance.

« Jean, éternel agélaste, leva les yeux au ciel lorsque ses collègues éclatèrent de rire devant la blague potache du vendredi. »

Zoïle

 

Du nom propre Zoïle, un critique grec du IVᵉ siècle av. J.-C., fameux pour avoir attaqué avec virulence Homère et d’autres auteurs de renom.

Par extension, dès l’Antiquité, le nom de Zoïle est devenu synonyme de critique injuste, envieux ou malveillant. En français, zoïle désigne ainsi un détracteur impitoyable, souvent de mauvaise foi, plus prompt à souligner les défauts qu’à reconnaître les qualités.

« Toujours prompt à souligner la moindre faute, Paul passait pour un véritable zoïle auprès de ses camarades écrivains. »

 

Agélaste ou zoïle : deux figures peu sympathiques, mais bien précieuses pour enrichir notre vocabulaire… et peut-être nous rappeler de cultiver la légèreté pour être de meilleurs humains.

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