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Une disposition pour la création et l’imagination

Quelle que soit la disposition des lettres sur nos claviers, nos doigts — ou désormais nos pouces — savent instinctivement où aller, sans qu’on y pense.

Je me souviens avoir appris à taper à la machine au lycée. Nous utilisions de vieilles machines à écrire manuelles. Alignées en rangées, une derrière l’autre à nos petits bureaux, nous tapions rythmiquement sur des feuilles de papier vierges. Une clochette sonnait à la fin de chaque ligne, et nous devions déplacer le chariot à la main pour passer à la suivante.

Jeunes dactylos en herbe, nous tapions lentement, apprenant à nous familiariser avec la disposition des touches. Il était interdit de regarder ses mains, seulement le texte à copier. Mais bien sûr, nous le faisions toutes, au début.

Les mots les plus complexes à orthographier étaient aussi les plus difficiles à taper. Mais avec le temps, nous avons progressé. Notre vitesse de frappe s’est améliorée, nos erreurs se sont raréfiées.

Avec ma nouvelle machine à écrire portable, je pouvais taper mes rédactions scolaires comme une pro. Pendant ce temps, ma tante maternelle, sténographe professionnelle, m’émerveillait : elle tapait à la vitesse de l’éclair, produisant des pages impeccables sur sa machine électrique. C’était une véritable source d’inspiration.

Puis, dans les années 1980, j’ai découvert le traitement de texte sur ordinateur personnel. Quelle révolution dans ma façon d’écrire!

La disposition des touches était la même qu’une machine à écrire, mais désormais, les mots apparaissaient à l’écran, presque magiquement. Le bruit des touches était différent, et j’avais maintenant une souris (inventée en 1963) pour faire défiler ou sélectionner du texte.

Corriger les erreurs devenait un jeu d’enfant grâce à la touche retour arrière. Finis les bandes correctrices et le liquide blanc : c’était propre, rapide et efficace.

Mais d’où vient cette disposition de clavier? Pourquoi les lettres ne sont-elles pas tout simplement en ordre alphabétique?

Le terme QWERTY vient des six premières lettres de la rangée supérieure du clavier. Cette disposition a été mise au point par Christopher Latham Sholes, dont la machine à écrire fut produite en série pour la première fois en 1874. Depuis, QWERTY est devenue l’interface homme-machine la plus répandue au monde.

À l’origine, cette disposition visait à éviter que les barres de caractères ne se coincent lorsqu’elles frappaient le papier. Éloigner certaines lettres les unes des autres limitait ces incidents, surtout pour les combinaisons fréquentes en anglais. C’est donc une invention façonnée par la langue anglaise.

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Barres de lettres coincées lors de la frappe. Source : Wikipédia

En 1932, August Dvorak, un autre Américain, conçoit une disposition censée être plus efficace. Il place les voyelles et les consonnes les plus fréquentes sur la rangée centrale, pour équilibrer l’effort entre les mains. Ses partisans affirment que ce clavier réduit les erreurs, augmente la vitesse, diminue les blessures dues aux mouvements répétitifs, et offre plus de confort.

Malgré cela, le clavier Dvorak n’a jamais réussi à détrôner le QWERTY, profondément ancré dans les habitudes. De même, le clavier AZERTY, utilisé en France et en Belgique, avec ses touches adaptées au français (lettres accentuées, ponctuation différente), est resté une norme dans les pays francophones. Il ressemble au QWERTY, mais avec quelques échanges : A et Q, Z et W, et le M situé sur la ligne du milieu.

Les différences entre AZERTY et QWERTY. Source : coolblue.be

Au Canada, les francophones utilisent souvent un clavier QWERTY modifié pour permettre l’insertion des accents. Et dans le monde, chaque langue ou alphabet a inspiré sa propre version de clavier. Il suffit de s’y habituer.

Les choses se compliquent un peu pour les personnes multilingues, comme les traducteurs, qui doivent jongler avec plusieurs dispositions.

En fin de compte, la plupart d’entre nous ne pensent même plus à la disposition du clavier quand nous écrivons sur nos portables ou nos téléphones. Et pourtant, cette interface invisible influence bel et bien la façon dont nos idées prennent forme.

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