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Les enfants de Yuki, après deux ans d’université au Manitoba, ont chacun à leur tour, à trois ans d'intervalle, consacré une année entière à étudier le japonais à l’Université Tokai au Japon et à s’entraîner avec son réputé club de judo, les deux, de façon intensive. Nous vous présentons les écrits combinés de leur journal de bord respectif, lesquels seront parfois émaillés de notes rétrospectives et d’échanges sur leur expérience.

10 avril 2012 (suite)

Visite à Yaita

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Le 6 avril, j’ai rejoint mon frère et mon père à Shinjuku. Après un arrêt rapide chez ma tante, mon père, mon frère et moi, avec leurs deux grosses valises, avons pris le train pour Ikebukuro, puis transféré dans un autre train à destination d’Utsunomiya. À Utsunomiya, il ne restait plus qu’un transfert avant d’arriver à Yaita (préfecture de Tochigi), où

vit ma grand-mère. Je n’avais pas encore eu la chance d’aller la voir depuis que je suis arrivée au Japon l’année dernière. Et je ne savais pas non plus comment m’y rendre. Alors maintenant, je sais et je prévois retourner lui rendre visite pendant l’été.

Il faisait un peu plus froid à Yaita, mais c’était génial de pouvoir se détendre et jouir d’un moment de tranquillité avec ma famille. La maison est très petite et il n’y a pas grand-chose à faire à Yaita, mais le simple fait d’être avec des gens que j’aime suffisait. Samedi, le frère de mon père et sa famille sont venus nous rendre visite. Ensemble, nous sommes également allés rendre visite à mon grand-père, qui vit maintenant dans une maison de retraite. Sa mémoire n’est pas très bonne et il ne peut souvent pas reconnaître les gens, même sa propre famille, mais je suis contente que nous ayons eu la chance de le voir.

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Derrière (de gauche à droite) : Vincent, moi, ma grand-mère, Mayu (ma cousine) et Noriko (ma tante)
Devant : mon père, Tetsuro (mon grand-père) et Shoji (mon oncle et le frère de mon père)

J’ai décoré mon téléphone avec des autocollants achetés au magasin à un dollar

L'heure du souper

L’incident le plus mémorable est probablement ce qui s’est passé lors de notre dernière nuit à Yaita. Mon frère et moi avions trouvé des porte-clés en billes à faire soi-même au magasin à un dollar près de Tokai. Nous voulions donc en acheter d’autres au magasin à un dollar de Yaita. Notre oncle nous y a déposés sur le chemin du retour. Nous avons facilement trouvé les porte-clés et en avons acheté quelques-uns de chaque type. Après nos courses, nous avons commencé à marcher ensemble. Mais à un moment donné, la route a bifurqué et j’étais absolument sûre que la voie de gauche était la bonne. J’ai donc pris à gauche tandis que mon frère a continué à droite. Je pensais que les routes se rejoindraient à un moment donné, mais j’avais tort. Sachez que j’ai un très mauvais sens de l’orientation. À moins de faire particulièrement attention à l’endroit où je vais (p. ex., tourner à droite au 3e feu, puis tourner à gauche au bureau de poste, etc.), j’ai du mal à retrouver mon chemin. Même à Shinjuku, c’était mon frère, qui s’y trouvait pour la première fois de sa vie, qui était le navigateur. Et… Yaita n’est certainement pas plus grand que Shinjuku… Mais il n’est pas nécessaire que ce soit une grande agglomération pour que je me perde. J’ai marché environ 10 minutes dans une direction, puis encore 10 minutes dans l’autre direction… Il commençait à faire sombre et je savais que mon père serait en colère que nous nous soyons séparés. J’étais tentée de demander à un piéton où se trouvait la banque Ashikaga parce que de là, j’aurais pu retrouver mon chemin. Mais il se peut bien que, voulant prouver à mon frère qu’il avait tort, et me prouver à moi-même que je pouvais m’en sortir, j’aie décidé de rentrer chez moi sans aide. Alors j’ai continué à marcher et, finalement, alléluia! je suis tombée sur un point de repère familier (par pur hasard), le magasin près de la maison de ma grand-mère. Mon père n’était pas content. Mon frère était arrivé quelques minutes avant moi, mais comme je n’étais pas là, il était reparti à ma recherche. Au bout du compte, quand il est revenu, nous étions tous contents, sauf que j’ai vraiment besoin d’améliorer mon sens de l’orientation…

Pourquoi toutes les bonnes choses ont-elles une fin? 

Nous avons passé un très bon moment à Yaita. Mais ensuite, il était temps pour mon père et mon frère de rentrer au Canada. C’était vraiment difficile de dire au revoir. Pendant leur séjour ici, je me suis habituée à la possibilité de les voir tous les jours. À Yaita, je me réveillais à côté de mon frère toujours endormi et des bonnes odeurs provenant de la cuisine où ma grand-mère cuisinait et parlait avec mon père. Je me sentais chez moi et en paix. Je pense qu’il y a un dicton qui dit « La maison est là où se trouve le cœur ». Même si je me suis habituée à ma vie ici au Japon, ma maison sera toujours avec ma famille et ceux que j’aime. 

Mais je suis contente d’avoir pu les voir, ne serait-ce que pendant les deux courtes semaines qu’ils ont passé ici. C’était génial de pouvoir montrer à mon frère toutes les choses formidables qu’on peut faire et acheter au Japon. C’était aussi génial de partager mes expériences avec mon père, parce qu’il comprend probablement mieux que quiconque ce que c’est que de vivre au Japon. Il est Japonais, donc il comprend la culture japonaise et la façon de penser du peuple japonais. Mais il sait aussi ce que c’est que de vivre dans un pays étranger et d’apprendre une langue étrangère. J’apprécie donc toujours ses conseils.
 

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Devant le Shinkansen

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Réponse : Pour permettre à des choses encore meilleures d’entrer dans votre vie. (Réponse à la question précédente en sous-titre, qui est le titre d’une chanson de Nelly Furtado)

 

Les impressions de mon frère

 

Les impressions de mon frère sont peut-être un peu différentes des miennes, puisque c’était sa première fois au Japon. J’ai pensé qu’il serait intéressant de partager ses réflexions avec vous. Voici un petit texte qu’il a préparé :

 

            Japon, me voilà! Le Japon pour moi était comme une pomme qui a l’air vraiment belle, mais qui vous surprend au moment d’en prendre une bouchée : ce n’est pas ce à quoi vous vous attendiez. Vous regardez la pomme encore une fois, et vous voyez la même chose que vous aviez vue auparavant, mais en y enfonçant les dents plus profondément, vous ne cessez d’être surpris. J’avais un certain point de vue sur le Japon, mais maintenant que je l’ai vu, ce n’est plus le même. Certaines choses m’ont surpris, tandis que d’autres m’ont déçu, mais la plupart du temps, elles me poussaient à en demander plus.

 

            La plupart du temps, tout ce que je découvrais était nouveau pour moi. J’ai trouvé génial de faire la connaissance des membres de ma famille japonaise. J’ai aussi été présenté à un grand nombre d’amis de mon père. J’ai visité de nouveaux endroits : le Kōdōkan¹, le budōkan² et divers quartiers de Tokyo. La nourriture est excellente au Japon, même si elle paraît parfois un peu étrange. Le jus de pomme, l’okonomiyaki³, les salades (même le matin), le riz, le curry, l’anguille, le poisson, la soupe et les nouilles sont quelques-uns des aliments délicieux que j’ai goûtés. Les immenses foules étaient aussi du nouveau pour moi, sans parler du fait que le train soit le principal mode de transport. C’était une expérience en soi. Les gens et les salutations constantes ainsi que la langue me paraissaient tous étranges. Plus j’en faisais l’expérience, plus j’étais intrigué.

 

            Tokyo est vaste! Du haut du bâtiment du gouvernement métropolitain de Tokyo, tout ce que j’ai vu, ce sont des bâtiments sans fin. Et c’est tassé. Il y a beaucoup de monde. Ce peut être très facile de se perdre ou de perdre les personnes qu’on suit. Ma sœur, qui est là depuis six mois, a souvent dû compter sur mon GPS interne pour nous amener à destination. La foule peut parfois devenir écrasante, mais cela m’a appris à rester calme et à garder l’objectif en tête.

 

            Certaines choses sont uniques au Japon et ont eu un grand impact sur mon voyage. Il y a un dépanneur pour chaque pâté de maisons et ces dépanneurs offrent un choix incroyable! Ma sœur m’a amené à un photomaton qui transforme ton visage en manga, de même qu’au karaoké et à son université. J’ai vu l’université que je fréquenterai probablement dans trois ans. J’ai même pratiqué le judo à quelques reprises avec les femmes et les hommes. Dans trois ans, je vivrai ici.

 

            J’ai beaucoup appris du Japon et j’ai adoré l’expérience. En m’imprégnant de la culture, des gens et du mode de vie du Japon, j’ai goûté à une partie de mon avenir et de ce qui m’attend… et j’ai aimé! Je n’oublierai jamais la dernière chose que tout le monde m’a dite en me disant au revoir. « Ja matakimasu. Ganbatte. Faito. » Cela signifie : « Au revoir. Courage. Bonne chance. »

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18 avril 2015

Retour sur le mois de mars : 6 — Déménager, au Japon (Chipa)

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Après avoir obtenu son diplôme, Chipa était maintenant obligé de quitter le dortoir. Il s’y était préparé et avait déjà trouvé un appartement à Tokyo qui lui permettrait d’accéder rapidement à son nouveau lieu de travail. Mais au cours des nombreuses années qu’il a passées au Japon, il a accumulé beaucoup de choses, et m’a donc demandé de l’aider à déménager. 

Si vous pensez que nous avons tout transporté jusqu’à Tokyo, laissez-moi vous dire que cela aurait été impossible. Chipa avait contacté une entreprise de déménagement, et deux heures avant qu’ils ne viennent chercher ses affaires, nous nous sommes dirigés vers l’appartement de son ami où il avait tout entreposé. Nous avons tout déplacé à l’extérieur pour qu’il soit plus facile pour les gars de charger leur véhicule.

Une fois arrivés, Chipa et moi avons éclaté de rire parce que le véhicule que Chipa avait choisi en ligne était minuscule. Mais après environ 25 minutes passées à bouger et déplacer les choses, les deux travailleurs ont réussi à tout faire rentrer! 

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Quand j’ai dit minuscule, je voulais dire minuscule…

Chipa est ensuite parti en train jusqu’à son appartement, où ils allaient apporter ses affaires.

Lentement mais sûrement, Chipa s’éloignait et laissait sa vie antérieure derrière lui, en quittant Kaikan et en quittant Tokai. 

Le mois de mars expliqué : 7 — Lutte 

Au cours du mois de mars, et après quelques discussions, Miguel et moi avons décidé de faire de l’exercice ensemble. Nous avions plusieurs choix, et l’un d’eux était la lutte. Miguel, un peu fou, a osé me combattre dans la cour arrière du Kaikan. 

Miguel et moi avons livré quelques combats, que j’ai appréciés pour plus d’une raison. C’était de l’exercice qui me permettait en même temps de pratiquer le judo, ce qui pouvait m’aider à me rétablir de ma blessure. Je dois dire que Miguel est assez courageux, mais il n’y avait aucun risque que je perde contre lui. Je l’ai envoyé au sol à quelques reprises, parfois dangereusement, car Miguel n’avait jamais fait de judo et ne s’attendait pas à certains mouvements. 

Après cette première fois, nous avons invité Chipa à nous joindre. Il a accepté et, un jour, nous nous sommes retrouvés à l’arrière du Kaikan, à nous bousculer. Maintenant, Chipa est beaucoup plus fort que Miguel, et probablement plus fort que moi, mais il n’avait pas encore eu d’expérience au combat corps à corps. Il m’a projeté à terre une ou deux fois au début, mais j’ai ensuite compris son style et, à sa grande surprise, je l’ai fait revoler.

Pourquoi est-ce important? Eh bien, comme je l’ai dit, ça me permettait de « pratiquer » un peu de « judo » sans être surveillé ou jugé par tout le monde. Aussi, en combattant Chipa, j’ai vraiment senti sa force. Je veux dire, il pèse 10 kilos de plus que moi, et il joue au rugby, ce qui le rend assez difficile à bousculer. Mais je suis toujours resté solide, et j’ai réussi à trouver un moyen de le prendre à revers. D’accord, ce n’est pas un match équitable, mais cela m’a quand même donné un petit regain de confiance et m’a aussi révélé que notre plus grand ennemi est nous-même. Je pense qu’il est temps que je surmonte mes propres peurs. 

¹ Kōdōkan : un dojo fondé en 1882 par Jigorō Kanō, le créateur du judo. Source : Wikipédia

² On parle ici du Nippon budōkan, un budōkan (dojo où l’on pratique les arts martiaux) du centre-ville de Tokyo. Source : Wikipédia

³ Okonomiyaki : un plat japonais qu’on peut comparer à une pizza, à une crêpe ou à une omelette. Source : Wikipédia

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