Les enfants de Yuki, après deux ans d’université au Manitoba, ont chacun à leur tour, à trois ans d'intervalle, consacré une année entière à étudier le japonais à l’Université Tokai au Japon et à s’entraîner avec son réputé club de judo, les deux, de façon intensive. Nous vous présentons les écrits combinés de leur journal de bord respectif, lesquels seront parfois émaillés de notes rétrospectives et d’échanges sur leur expérience.
1ᵉʳ septembre 2012
Hiroshima et Miyajima

Tout juste revenues de l'ascension du mont Fuji, ma colocataire et moi sommes reparties, cette fois pour visiter Hiroshima et Miyajima. Nous avons pris l’autobus de nuit pour Hiroshima (un trajet d’environ 10 à 11 heures) depuis Yokohama. L'itinéraire est indiqué par la ligne jaune sur la carte ci-dessous.

Dès notre arrivée, nous avons pris le train, puis le traversier pour l'île de Miyajima.


Entrée du traversier

Il y a des cerfs partout sur l'île, apparemment peu dérangés par les nuées de touristes qui viennent voir l'île.

On peut même les toucher!

La raison pour laquelle je voulais aller à Miyajima est qu'elle est désignée comme l'une des trois meilleures vues panoramiques du Japon. Les deux autres sont situés à Matsushima et à Amanohashidate (préfecture de Kyoto).
Et la vue la plus célèbre de Miyajima est celle de la porte torii¹ géante, qui semble flotter dans l'eau lorsque la marée est haute.


Nihon sankei : l'une des trois plus belles vues panoramiques du Japon.
La fameuse porte

Après avoir pris des tonnes de photos de la porte, nous avons pris le téléphérique pour visiter la zone montagneuse.


Par la suite, nous avons pris le traversier et le train pour retourner à Hiroshima afin de visiter le musée du mémorial de la Paix.
Le 6 août 1945 (cette date est restée gravée dans ma tête depuis que nous avons visité le musée), les États-Unis ont lâché une bombe atomique sur Hiroshima à 8 h 15. Les effets ont été désastreux. Les bâtiments et les gens ont été réduits en cendres. D'autres ont été gravement brûlés. D'autres semblaient aller bien pour mourir quelques jours ou semaines plus tard des suites de blessures causées par les radiations. Et des mois, des années plus tard, beaucoup sont morts de cancers et d'autres maladies. De nombreux bébés sont également nés avec des malformations congénitales.
Je n'ai pas pris beaucoup de photos à l'intérieur du musée. Je n'arrivais pas à me résoudre à prendre une photo de toute cette souffrance.


Une maquette de la ville d'Hiroshima avant le bombardement.

La même image, mais après le bombardement.
Nous avons également visité le dôme de la bombe A et le monument de la paix des enfants.

Le dôme de la bombe atomique :
ce qu'il reste de l'ancienne préfecture industrielle.

Hall de promotion. C'était l'un des seuls bâtiments encore debout après que la bombe a explosé.
Le monument de la paix des enfants est un monument à la mémoire de Sadako Sasaki et des milliers d'autres enfants qui ont été victimes de la bombe atomique à Hiroshima.
Si je me souviens bien de ce que j'ai lu au musée, Sadako Sasaki avait deux ans lorsque la bombe atomique est tombée. On lui a ensuite diagnostiqué un cancer (causé par les radiations). Croyant que plier un millier de grues en papier la sauverait, Sadako plie grue après grue. Mais même après avoir atteint un millier de grues, son état ne s'est pas amélioré et elle est décédée après avoir lutté contre le cancer pendant 10 ans.


Je suis contente d'avoir pu visiter le musée, mais en même temps, même si j'ai vu beaucoup de photos de la ville en ruines ou de personnes brûlées, je ne peux pas m’imaginer ce que cela a dû être pour les gens qui étaient là ce jour-là. Je ne peux pas faire semblant de comprendre parce que rien dans ma vie ne peut égaler ce qui s'est passé ce jour-là. Après avoir quitté le musée, ma colocataire et moi avons marché en silence, sans vraiment pouvoir dire grand-chose.
Pour le souper, nous avons mangé de délicieux okonomiyaki (crêpe à la japonaise).


Les ingrédients : calamars, nouilles, chou, germes de soja, crevettes, un œuf et beaucoup de sauce.
Et puis, nous avons repris l’autobus (pour encore un trajet de 10 à 11 heures) et sommes arrivées saines et sauves à la maison.
¹ Un torī ou tori-i (鳥居) est un portail traditionnel japonais, communément érigé à l'entrée d'un sanctuaire shintoïste, afin de séparer l'enceinte sacrée de l'environnement profane. Il est aussi considéré comme un symbole du shintoïsme.

27 août 2015
Choix...

En essayant de prendre soin de mon visage, je suis souvent allé dans divers supermarchés pour chercher des produits pour le visage. Ce faisant, j'ai remarqué une légère tendance dans les produits que la plupart des magasins proposent.
Commençons par dire qu'il y a beaucoup de choix. Par exemple, au sein d'une même marque, nous avons une crème hydratante, un nettoyant pour le visage, une crème de soin contre l'acné, un gommage nano million (ne me demandez pas ce que c'est) et une mousse transparente blanche (toujours aucune idée). Chacun d'entre eux a un objectif légèrement différent. Il y en a pour presque tous vos besoins. Cela étant dit, parce que tous ces produits proviennent de la même marque, je crois que c’est une grande erreur. Seuls les produits des grandes entreprises sont vendus dans tous les magasins. Comme j’ai étudié en administration des affaires, je peux constater que cela crée un monopole, ne laissant aucune chance aux concurrents (entreprises) d'entrer et éventuellement de fournir un meilleur produit. Les grandes entreprises offrent tellement de produits et sont si connues que la plupart des consommateurs n'y pensent même pas à deux fois. Les produits sont probablement très bons, mais je trouve quand même cela un peu dérangeant.
Cela ne se limite pas aux produits pour le visage. Les judokas ont tous des vêtements de sport Under Armour. Je pensais que c'était juste parce qu'ils voulaient avoir l'air cool et qu'ils avaient beaucoup d'argent, mais quand je suis allé me procurer quelques chemises, j'ai remarqué que la moitié du magasin proposait seulement cette marque.
Cela a probablement un lien avec les gens et la culture. Étant donné que la plupart des étudiants reçoivent de l'argent de leurs parents ou travaillent à temps partiel, ils peuvent se permettre ces produits coûteux. Au Canada, j'ai toujours pensé que mon image était importante, mais ce n'était pas nécessaire que tous mes vêtements proviennent d'une marque chère. Mais ici au Japon, l'image est considérée comme de la plus haute importance, c'est pourquoi ils ont tendance à acheter des vêtements coûteux. Ce qui conduit les petites entreprises à disparaître.
Quand j'étais au camp, j'ai entendu une drôle d'expression : « Mitami janakute, nakami ». Sa signification est la suivante : « Ce n'est pas l'extérieur qui compte, mais l'intérieur. » Maintenant, en essayant de comparer cette mentalité avec la valeur que les Japonais accordent à leur propre image, je ne comprends toujours pas très bien.

Les déodorants. Ou une section de ces derniers.
27 août 2015
67.8
Le mercredi matin, après notre entraînement de musculation, je me suis pesé.
Poids : 67,8 kg
Graisse corporelle (%) : 8,9 %
C'est le poids le plus bas que j'ai eu en près de deux ans, y compris lorsque j'étais au Canada.
Travaille dur. Joue fort. Échoue. Réussis.
Étant à l'étranger depuis longtemps, la plupart des gens prennent pas mal de poids, tout comme moi. En janvier, j'étais à 73,6 kg je crois, ce qui signifie que j'ai perdu environ 6 kilogrammes. Comment ai-je fait? Disons simplement que je le voulais.
Comme ma mère me le rappelle toujours, quand tu décides de faire quelque chose, tu vas y arriver. Tu le feras parce que tu le peux. La seule chose qui t’arrête, c'est toi.

2 septembre 2015
Je déménage!
Comme je ne suivrai plus de cours à partir de septembre, normalement, je ne devrais pas avoir le droit de rester au Kaikan. Je devrais trouver mon propre appartement ou mon propre logement. Mais le Kaikan est TRÈS bon marché et c'est un endroit parfait pour y vivre. Il est proche du club de judo, a beaucoup d’attraits comme une bonne cuisine et un accès Internet. Il serait très regrettable de déménager pour le restant de mon séjour, soit deux à trois mois. Mais heureusement pour moi, puisque je poursuis le judo ici, j'ai demandé à Mme Mitsumoto (la secrétaire du club de judo) si elle pouvait essayer de contacter l'école pour moi et leur demander si je serais autorisé à rester ici. Apparemment, cela a fonctionné, car on m'a dit la semaine dernière que je devais changer de chambre, car quelqu'un d'autre entrerait dans mon ancienne chambre avec mon colocataire. Je pourrais passer le reste de mon temps seul dans ma nouvelle chambre... !!!
Après un an dans la même chambre (304), je demeurerai maintenant dans la chambre 303. Quand ma sœur vivait dans le LKan (il y a trois ans), son numéro de chambre était le 303. Coïncidence?
cliquez SUR LE DIAPORAMA CI-DESSOUS pour lire les descriptions.
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Réunion de famille au Tokyo Skytree
Il y a environ un mois, ma grand-mère et moi avons commencé à planifier une visite avec la famille de mon oncle. Jusqu'à présent, ils avaient été trop occupés, mais ils ont réussi à trouver une journée pour me voir, le 30 août. Après avoir échangé quelques courriels, nous avons convenu d'une heure et d'un lieu de rendez-vous, et le jour est bientôt venu.
Je me suis rendu à Tokyo, à la gare d'Ueno, probablement l'une de mes premières fois là-bas. Une fois arrivé, je les ai tous surpris en venant de la direction opposée d'où ils m'attendaient. Cela faisait un moment que je n'avais pas vu mon oncle (il y a trois ans), mais même alors, il n'était pas trop difficile à reconnaître. Ma tante et ma grand-mère ainsi que la famille de mon oncle étaient toutes là. Je leur ai souri, et nous nous sommes dit bonjour, puis nous sommes allés prendre un autre train ensemble.
Mon oncle Shoji m'a beaucoup parlé ce jour-là. Il travaille beaucoup en anglais, donc il le parle assez bien. Je suppose que pour que je me sente à l'aise, il m'a parlé principalement en anglais, ce qui a rendu la compréhension plus difficile parce que je passais du japonais à l'anglais avec tout le monde et je ne savais pas si je devais lui répondre en anglais ou en japonais. Mais c'était gentil de sa part, et nous avons eu quelques bonnes conversations.
Ma grand-mère et ma tante sont tout simplement géniales, comme toujours. Elles me parlaient de toutes sortes de choses, et je leur racontais des petites choses ici et là pour les faire sourire. J'apprécie toujours leur compagnie.
Noriko, la femme de mon oncle, était gentille et polie, et tout le temps m'a posé beaucoup de questions. Elle a essayé autant que possible de me garder impliqué dans la conversation et quand elle parlait, elle parlait volontairement clairement et légèrement lentement pour que je la comprenne.
Mes deux cousins étaient encore un peu timides, je pense. J'avais rencontré ma cousine Mayu il y a trois ans lorsque je suis venue rendre visite à ma sœur, mais Hayato n'était pas libre à ce moment-là, donc aujourd'hui, c'était la première fois que je le rencontrais. Je ne leur ai pas beaucoup parlé, mais à la fin j'ai essayé de parler à Hayato de ses pratiques de ping-pong (il fait partie d'un club de ping-pong! Comme c'est cool!). Mais je pense qu'ils ne savaient pas trop comment réagir face à moi, car ils ne savent pas combien de japonais je peux parler, et ne me connaissent vraiment pas ha ha.
En train, nous nous sommes dirigés vers le Tokyo Skytree, et c'était la première fois que je m'approchais aussi près de la tour. Il y avait beaucoup de nuages, alors nous avons décidé de ne pas monter, car nous ne pourrions pas voir grand-chose.

En chemin vers la tour
Noriko avait réservé une place dans un restaurant près du Tokyo Skytree... Ce qui signifie cher. C'était un endroit agréable. Nous avions une vue magnifique de la ville, et ils ont commencé à nous montrer différentes parties de la ville que nous pouvions voir. Le Tokyo Skytree était juste à côté de nous, du haut de ses 634 mètres.

Un autoportrait de tante Shizuko et moi avec le Tokyo Skytree en arrière-plan.
Notre repas a été servi à la manière traditionnelle japonaise. Ils ont servi à tout le monde des petits plats, et avant de nous servir le suivant, ils se sont assurés d'emporter nos assiettes. Ma grand-mère m'a dit que même mon père n'avait jamais mangé de cette manière. Après, ce genre de service est devenu de plus en plus rare, ce qui le rend encore plus cher.
Nos mets :






Pendant le repas, ma tante et ma grand-mère ont discuté avec moi du moment où je devrais me faire opérer, car je devrai certainement le faire, et très probablement au Japon. Noriko me posait des questions et Shoji me racontait des choses sur le Japon. Dans l'ensemble, c'était sympa, et je ne crois pas que beaucoup de gens de mon âge aient vécu ce genre d'expérience.

Le Tokyo Skytree

Oh grand-maman!

Tante Shizuko, découvrant sa nourriture.

Mayu et Noriko

La vue d'ensemble de la pièce.
Une fois le dîner terminé, nous nous sommes dirigés vers Asakusa, un endroit célèbre pour le Sensō-ji, un temple bouddhiste, ainsi que de nombreuses boutiques de souvenirs. C'était la première fois que j'y allais, et je dois dire que c'était un endroit assez sympa à visiter. Nous avons tous marché au milieu de la rue TRÈS bondée avec nos parapluies sortis. Avant d'entrer dans le temple, Mayu m'a montré comment me laver correctement les mains (ce qui représente la purification de l'âme avant d'entrer dans le temple). J'ai émis quelques bons vœux ce jour-là.

Asakusa, des lanternes, des souvenirs, de la pluie, des parapluies et beaucoup de monde.

Entrée du temple
Sur le chemin du retour, nous nous sommes arrêtés dans un petit café pour prendre quelque chose à boire. Après avoir discuté un peu, il était temps de partir. Nous sommes retournés à la gare d'Ueno où ma tante et moi nous nous sommes séparés du reste du groupe.
Lorsque nous nous sommes dit au revoir, quelque chose m'a pris au dépourvu. Ma grand-mère est venue pour la première fois me faire un câlin. Juste un bras, mais elle n'avait jamais fait ça auparavant. J'étais très TRÈS heureux, et je n'ai pas pu m'arrêter de sourire pendant un moment. Je ne la verrai pas avant un certain temps, mais j'étais content qu'elle soit venue jusqu'ici pour venir nous voir.
Je suis rentré avec ma tante dans le train. Elle est descendue avant moi, s'est assurée que je savais où aller et je lui ai dit au revoir.
Depuis que je suis au Japon, je n'ai pas eu beaucoup d'occasions de voir ma famille, mais je dois dis-le que ça m'a fait du bien.

Ma famille