Les enfants de Yuki, après deux ans d’université au Manitoba, ont chacun à leur tour, à trois ans d'intervalle, consacré une année entière à étudier le japonais à l’Université Tokai au Japon et à s’entraîner avec son réputé club de judo, les deux, de façon intensive. Nous vous présentons les écrits combinés de leur journal de bord respectif, lesquels seront parfois émaillés de notes rétrospectives et d’échanges sur leur expérience.
4 septembre 2012
Plus qu’un mois!

Il ne me reste plus qu’un mois au Japon. C’est difficile à croire, mais ça commence à devenir réel maintenant que je fais du ménage dans ma chambre, que je rassemble les choses que je veux garder et que je me débarrasse de celles que je ne veux pas rapporter. Je dois quitter le L‑Kan (la résidence où je vis) avant le 15 septembre parce que les
nouvelles étudiantes vont commencer à arriver, alors je commence tranquillement à faire mes bagages.
Il ne me reste qu’un mois… mais ce sera un mois chargé. Je vais assister à autant de séances d’entraînement que possible. Je vais aussi essayer de voir le plus d’amies possible avant de partir. Je termine le programme de japonais Bekka le 20, puis je prends l’avion le 21 pour Hokkaidō, afin de visiter la région. Je reviens le 29, juste à temps pour aller à la banque et à l’hôtel de ville (pour régler quelques papiers de dernière minute), et pour voir une dernière fois ma grand-mère et ma tante avant de quitter le pays.
Je vais continuer à mettre mon blogue à jour autant que possible, alors ne cessez pas de le lire! 😉

4 septembre 2015
Mont Fuji (conquis)

« Nihon ni iru uchi ni, noboranu, baka. »
Cette expression était inscrite dans notre manuel scolaire le semestre dernier. Elle signifie qu’il serait idiot de venir au Japon et d’en repartir sans avoir gravi le mont Fuji. Alors… j’ai gravi le mont Fuji. Simple, non?
En réalité, j’avais déjà fait de l’ascension du mont Fuji un objectif avant même d’arriver au Japon. Ma sœur l’avait fait avec Anzu trois ans auparavant, et j’en avais tellement entendu parler que j’ai eu envie de le faire moi aussi. Si vous voulez lire le récit de l’aventure de ma sœur, vous pouvez CLIQUER ICI!
Trois jours avant l’ascension, j’ai demandé à mon ami Shingo s’il pouvait réserver une place pour nous deux dans l’une des cabanes de montagne. Normalement, ce genre de réservation se fait looooongtemps à l’avance. En fait, j’avais prévu faire l’ascension avec Miguel, qui adore la montagne et qui l’avait déjà gravi une fois, ainsi qu’avec Shingo et Arisa. Mais le jour que nous avions choisi, la météo n’était pas bonne, alors nous avons annulé. Cette fois encore, la météo n’annonçait rien de bon, donc faire une réservation à la dernière minute n’était pas un problème : peu de gens prévoient une ascension dans ces conditions. Je n’avais pas tellement le choix.
Voyez-vous, à cause de la température au sommet, le mont Fuji n’est accessible qu’en été. Le temps me manquait, il fallait que je prenne rapidement une décision. Le 31 août, j’allais gravir l’un des plus grands sommets du monde.
(La veille au soir)
J’ai préparé les vêtements nécessaires, de l’eau et mes chaussures. Je me suis endormi en pensant que j’allais gravir une montagne le lendemain. Pour être honnête, je ne croyais pas que ce serait très difficile. Après tout, des gens âgés de 70 ou 80 ans la gravissent aussi, alors… comment cela pourrait-il être si dur? Cela dit, je n’avais jamais vraiment fait de randonnée en montagne auparavant. Je n’étais pas trop nerveux.
Le matin venu, je me suis levé à l’aide de mon réveil. Douche, déjeuner, habillage… puis direction le hall d’entrée. J’y ai trouvé Shingo en train de déjeuner. Lorsqu’il eut terminé, il m’a rejoint, et j’ai remarqué qu’il portait un short très court et des chaussures ordinaires. Il n’avait que deux vestes. J’étais sidéré. Je lui ai dit qu’il devrait mieux s’habiller. Il a répondu que ça irait, mais il est quand même allé enfiler un jeans… et a ajouté une autre veste. Il a gardé ses chaussures normales, disant que c’est tout ce qu’il possédait. D’après les récits que j’avais entendus, je ne pouvais m’empêcher d’être inquiet. Nous avons quitté la résidence vers 7 h 50, un peu en retard sur notre plan initial.

J’étais prêt. Allons-y, mont Fuji!
Après un arrêt au dépanneur pour acheter de la nourriture, nous avons pris le train vers 8 h 10. Trois heures plus tard, nous étions arrivés. Il était déjà 11 h, alors nous voulions commencer à grimper le plus vite possible. Nous avons acheté encore un peu de nourriture, un câble pour mon téléphone que j’avais oublié… et, après une discussion avec une employée du centre d’information, nous avons décidé de prendre l’autobus de 12 h 40 vers la première station.

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Le train qui nous a amenés à la gare du mont Fuji.
La plupart des gens commencent l’ascension à la cinquième station. Ils prennent l’autobus jusque-là, puis grimpent jusqu’au sommet en quatre à cinq heures. Shingo et moi, nous avons voulu partir de la première station, ce qui ajoute environ deux heures de marche. Nous avons commencé à monter vers 13 h 10.
cliquez SUR LE DIAPORAMA CI-DESSOUS pour lire les descriptions.
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Nous avons atteint la cinquième station en environ une heure et demie, ce qui est plus rapide que les deux heures prévues. À ce moment-là, j’ai commencé à avoir un peu mal à la tête et à me sentir étourdi, alors j’ai bu beaucoup d’eau. Avec toute la sueur, je n’ai même pas eu besoin d’aller aux toilettes avant d’arriver à notre cabane (tant mieux, ça coûte environ 2 $ chaque fois).






Je suis maintenant au-dessus des nuages.

La photo que j’ai prise lors de notre dernière pause avant d’atteindre notre refuge de montagne.
Environ une minute après avoir pris cette photo, le vent s’est levé et il a commencé à pleuvoir fort.
Heureusement, nous n’avions que huit minutes à marcher environ avant d’atteindre notre cabane.
Nous sommes arrivés à notre cabane à 17 h 50. Temps total de montée : 4 h 40. C’est fou. La plupart des gens mettent environ sept heures pour faire le même trajet. On est allés très vite. Shingo m’a vraiment surpris : même en jeans et avec des chaussures ordinaires, il était souvent devant moi, marchant plus vite que je ne le voulais! Grâce à lui, on est arrivés à la cabane avant la tombée de la nuit.
En arrivant, nous avons rapidement mangé un ramen (très cher), sommes allés aux toilettes, puis sommes tombés de fatigue. Comme il faisait froid, nous avons voulu manger quelque chose de chaud. À ce moment-là, j’avais très mal à la tête. J’avais du mal à rester assis. Même couché, le mal de tête m’empêchait de dormir. Le propriétaire de la cabane faisait aussi des annonces au micro, ce qui n’aidait pas. Je me suis finalement endormi vers 19 h 30, me réveillant seulement à quelques reprises dans la nuit.

Tomoe kan, notre refuge de montagne. La deuxième plus haute cabane de la montagne.

L’entrée de la cabane ainsi que la salle à manger.

Le passage vers l’endroit pour dormir.

Où nous avons dormi. Il y avait quatre autres personnes dans le même espace pour dormir.
Seulement des sacs de couchage et de petits oreillers.
(Le lendemain – 1ᵉʳ septembre)
Je me suis réveillé juste avant 1 h. J’ai cru bon de commencer à me préparer. Shingo et moi avons tout rassemblé. Au moment de partir, l’hôte de la cabane m’a averti que ma veste n’était pas imperméable, donc que c’était risqué de grimper ainsi. Il nous a dit d’attendre deux heures de plus. Nous sommes donc retournés nous allonger jusqu’à 3 h 30. Nous avons laissé nos sacs à la cabane, emporté seulement de l’eau et nos lampes frontales. Nous avons commencé l’ascension… mais avons vite dû nous arrêter à cause d’une longue file de grimpeurs devant nous. Beaucoup de personnes âgées montaient aussi, ce qui ralentissait le rythme. Par moments, Shingo et moi contournions la file pour dépasser ceux qui prenaient des pauses.
Nous sommes arrivés au sommet vers 4 h 20, soit une heure plus tard. Là, nous avons attendu le lever du soleil. J’ai trouvé une place devant tout le monde pour m’asseoir et laisser la vue libre aux gens derrière moi. Vers 4 h 45, on voyait les nuages cacher le soleil, sauf une fine bande de lumière. Avant l’heure prévue du lever du soleil, Shingo a quitté les lieux, disant qu’il avait trop froid et que de toute façon, on ne verrait rien. Je suis resté jusqu’à 5 h 20, soit dix minutes après l’heure prévue… mais les nuages ne nous ont jamais permis de voir le lever de soleil tant attendu. Nous avons alors entamé la descente.

La première lumière

Nous sommes au-dessus des nuages. Youhouuuu!

Tout ce que j’ai pu voir en fin de compte.

Encore des nuages.


Nous avons réussi! Nous avons conquis le mont Fuji. Je me souviens du blogue de ma sœur à l’époque où elle avait escaladé le mont Fuji. Cela signifiait beaucoup pour moi d’arriver jusqu’ici, où ma sœur ainsi que des milliers d’autres personnes y ont mis les pieds avant moi.
La descente a été difficile. Et loooooongue. Pendant plus de la moitié, ce n’était qu’un sentier de sable en zigzag qui n’en finissait plus. Shingo, épuisé, refusait d’accélérer, alors j’ai pris de l’avance. Pourquoi cette hâte? Il commençait à pleuvoir. En reprenant nos sacs à la cabane, on nous avait dit qu’il pleuvrait fort vers 7 h. Je voulais donc descendre rapidement. Mais j’ai fini par glisser et me faire un peu mal à la cheville. Je suis arrivé à la cinquième station (pas la même qu’à l’aller) et j’ai attendu Shingo. Il est arrivé une heure plus tard. On a mangé un ramen, puis attendu encore trois heures l’autobus. Je tenais à monter dans le premier bus, pas question d’attendre une heure de plus.
Arrivés à la station du mont Fuji, nous avons repris le train jusqu’à la résidence, où nous sommes arrivés vers 15 h 45. J’étais fatigué, gelé, frustré et je puais… mais j’étais satisfait. J’avais gravi le mont Fuji.

Probablement la plus belle photo que j’ai prise lors de mon séjour au Japon.
Je crois que cela dépeint le pays de plus de façons que je ne peux le dire.

… J’AI GRAVI LE MONT FUJI!


















