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Les enfants de Yuki, après deux ans d’université au Manitoba, ont chacun à leur tour, à trois ans d'intervalle, consacré une année entière à étudier le japonais à l’Université Tokai au Japon et à s’entraîner avec son réputé club de judo, les deux, de façon intensive. Nous vous présentons les écrits combinés de leur journal de bord respectif, lesquels seront parfois émaillés de notes rétrospectives et d’échanges sur leur expérience.

16 septembre 2012

De la première à la dernière fois

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Lorsque je suis arrivée au Japon, presque tout était une première. Première fois dans un onsen, première fois à m’entraîner avec l’équipe féminine de judo de Tokai, première fois à vivre seule... tout était nouveau et excitant.
 

Mais maintenant, tout ce que je fais est pour la dernière fois. Ma dernière fois dans un onsen, ma dernière fois avec ma colocataire, ma dernière fois à boire du Pocari Sweat et de l'eau Calpis (deux boissons auxquelles j’ai pris goût). C’est triste, mais en même temps, je suis vraiment excitée de rentrer chez moi et de serrer mes parents et mon frère dans mes bras. J’ai même envie de câliner notre chat. 😛 Et bien sûr, je ne peux pas vraiment dire que c’est réellement ma dernière fois pour toutes ces choses parce que je suis à peu près certaine que je reviendrai au Japon dans quelques années. Mais c’est ma dernière fois... pour un petit moment.

J’ai ressenti un peu de tristesse en quittant le L-Kan (la résidence où j'ai vécu pendant un an). C’était comme une deuxième maison. J'avais ma douche préférée... et mes toilettes... et ma machine à laver. Ma colocataire et moi avions décoré notre chambre et l’avions arrangée à notre goût. C’était aussi la première fois que je vivais seule, loin de mes parents. J’ai donc évidemment beaucoup mûri là-bas, en cuisinant et en faisant toute ma lessive seule. Ma colocataire va me manquer par-dessus tout. Nous avons beaucoup ri et vécu des incidents amusants dans cette chambre.

Mais je ne suis pas triste de quitter le L-Kan... à cause des araignées. Pendant toute mon année, je n’en ai vu que quelques-unes, mais pendant ma dernière semaine, j’en ai vu jusqu’à quatre dans la salle de bain : d’ÉNORMES araignées. Je jure qu’elles étaient aussi grandes que ma main. Et bien sûr, c’est moi qui devais les trouver... et l’une d’entre elles, le matin de mon dernier jour! Franchement! Ma colocataire a blagué en disant qu’elles étaient sorties pour me dire au revoir... 😀

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Ma chambre telle qu’elle était lorsque je suis arrivée à la résidence.

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Ma colocataire Anzu (à gauche) et moi.

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5 septembre 2015

Samurai Blue (Japon) affronte le Cambodge – Mon premier match de soccer professionnel

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Il y a environ un mois, je suis sorti dîner avec mon amie Ryoko. Ce soir-là, nous avons eu une belle conversation, et elle m’a invité à un match de football. Elle avait acheté quatre billets, et il en restait un de libre. J’ai dit que je vérifierais mon emploi du temps, et selon l’heure, j’étais finalement disponible.
 

Le 3 septembre, nous avons quitté la gare de Tokai vers 16 h 09. Il nous a fallu plus de deux heures pour arriver à la gare près du stade, situé dans la préfecture de Saitama. En chemin, nous avons vu de plus en plus de personnes portant le maillot de l’équipe japonaise de football. Ce genre d’événement n’arrive pas très souvent, et j’ai eu de la chance de pouvoir y assister.

Lorsque nous sommes sortis du train, on n’arrivait pas à croire le nombre de gens qui était là. Rien que pour sortir de la gare cela nous a pris environ 15 minutes. Nous avons acheté des gyozas pour les manger pendant le match et sommes allés au stade. Je n’étais jamais entré dans un stade pareil. Même le stade récemment construit près de l’Université du Manitoba m’est encore inconnu. J’étais donc assez excité. Ce serait aussi la première fois (du moins, si je me souviens bien) que je vais voir un match de football professionnel en direct.

J’étais prêt. Allons-y, mont Fuji!

Nous sommes arrivés à l’entrée du stade et avons découvert que si nous y entrions tout de suite, nous n’aurions pas le droit de ressortir, alors nous avons dû attendre dehors. Pourquoi? Car notre quatrième compagnon n’était pas encore arrivé… Il avait été à un entretien d’embauche et venait seul. Nous avons fini par l’attendre environ une heure et demie, ce qui nous a fait rater le coup de sifflet, le début du match et l’introduction de l’équipe. Nous avons raté environ 15 minutes de la première mi-temps, grâce à Kazuto. Super... Je n’étais pas content. Il avait probablement bu un verre avec ses amis après son entretien. Ryoko avait fait de son mieux pour réserver ces billets, et j’ai trouvé cela très impoli de sa part d’être aussi en retard.

La vue de l’extérieur du stade.

Mais le match s’est avéré intéressant. Les Japonais ont dominé tout au long du match. Et j’ai pu voir les trois buts. À la mi-temps, je suis allée voir mes amis, car nous étions tous assis séparément. Ryoko avait fait de son mieux pour trouver des places proches les unes des autres, mais cela avait tout de même été assez difficile. J’ai pris mes gyozas, et j’ai un peu discuté avant de retourner à ma place. Puis la seconde mi-temps a commencé.

Cet homme tient un panneau indiquant la fin de la file d'attente pour les toilettes des hommes.
Voilà combien de gens il y avait.

Les Japonais adorent encourager leur équipe. Tout comme mon père et moi l’avons vu il y a trois ans lors d’un match de baseball, il y avait une foule immense pour encourager l’équipe. Toutes les sections derrière les deux filets étaient réservées aux membres du groupe des partisans. Je ne crois pas qu’ils aient arrêté de chanter, à l’exception de la pause à la mi-temps.

Chaque fois que l’équipe japonaise marquait, la foule devenait folle et tout le monde se levait. Ceux qui soutenaient l’équipe cambodgienne devaient se sentir assez intimidés. J’ai repéré un petit groupe dans une section qui leur était réservée.

Le score final : Japon (3) - Cambodge (0)
 

Moi, Kazuto, Ryoko et Maho.

J’étais vraiment reconnaissant envers Ryoko de m’avoir invité à ce match. Nous sommes rentrés tous les deux, Kazuto et Maho avaient d’autres projets après le match. Nous avons couru à travers la foule jusqu’à la gare. Si nous ne l’avions pas fait, nous ne serions jamais revenus. Il y avait tellement de monde... nous étions tellement serrés dans ce train. Nous devions prendre le dernier train pour rentrer chez nous, et grâce à notre course, nous avons réussi à revenir jusqu’à Tokai.

Une expérience formidable.

11 septembre 2015

Hei - Jō – Shin : Réflexions sur le camp d'entraînement

Depuis mon retour du camp, les gars semblent moins hésitants à me demander de m’entraîner avec eux. C’en est au point où je n’ai plus de pause. C’est comme ça depuis les deux dernières semaines. Les combattants se préparaient pour les deux prochains tournois, et comme j’étais constamment présent à chaque entraînement, on me demandait désormais de m’entraîner avec des adversaires beaucoup plus forts, beaucoup plus souvent.

Mais comme mon père me l’avait dit, la plupart des Japonais abordent les gens en se basant sur la confiance. La confiance qui vient de l’histoire qu’ils ont avec la personne. Maintenant que j’ai passé pas mal de temps avec eux et que je leur ai prouvé que je suis sérieux, ils me prennent au sérieux. Aller au camp d’entraînement n’a fait qu’y contribuer davantage.

Au cours des deux dernières semaines, j’ai pratiqué avec plus de partenaires différents qu’en quatre mois. J’ai même été appelé par Fubuki pour me faire jeter. Lorsqu’ils approchent d’un tournoi, les athlètes qui y participent peuvent faire la file et appeler n’importe qui pour les jeter trois à cinq fois. C’était la première fois qu’un athlète m’appelait.

Quand je suis revenu du camp, je me suis vraiment demandé pourquoi je ne me sentais pas complètement désorganisé comme d’habitude après un camp d’entraînement. Après quelques jours, j’ai compris que c’était à cause de quelque chose appelé « hei jō shin ». Le caractère représentant « hei » signifie « même » ou « paix ». Le caractère pour «  » signifie « ordinaire » et enfin, le caractère pour « shin » signifie « votre cœur ». Donc, si vous voyez la connexion : paix + ordinaire + cœur. Dans un contexte réel, cela signifie maîtrise de soi, présence d’esprit. Mais comme mon père me l’a appris, cela signifie aussi ne pas laisser les facteurs externes interrompre votre routine quotidienne.

Au camp, même si les gars restaient debout tard et jouaient au jeu du loup-garou, j’allais me brosser les dents, me préparer pour aller me coucher, écrire mon blogue et dormir. Même si je voulais jouer, je savais que la meilleure chose pour moi était de me reposer au maximum. Cela m’a permis de rester dans le jeu tout le temps et m’a aussi donné de l’équilibre. Cela m’a maintenu centré et, finalement, m’a empêché d’oublier des choses. Grâce à cela, je n’étais jamais en retard pour l’entraînement, et j’avais mes affaires prêtes avant les autres lorsqu’on partait.

Appliquer cela tout le temps peut être assez difficile. Dans la vie normale, il y a beaucoup de choses qui surgissent « de nulle part » et qui demandent que vous ajustiez votre emploi du temps. Mais pour la première fois, je pense que j’ai vraiment compris ce que mon père m’avait dit ces dernières années.
 

Hei-jō-shin

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