L’Accueil Colombien
Au cœur du quartier de Saint-Boniface, la résidence l’Accueil Colombien s’impose comme une œuvre à la fois fonctionnelle et profondément humaine. Conçue en 1985 par l’architecte Étienne Gaboury, cette résidence pour aînés se distingue par son dialogue subtil avec le climat manitobain : une architecture façonnée par la lumière, le vent et le soleil des prairies.

Entrée principale de la résidence l’Accueil Colombien
L’entrée, abritée sous un auvent de bois chaleureux, traduit la dimension humaine chère à Gaboury. Plus qu’un simple accès, elle marque un passage symbolique : celui entre la vie publique et l’espace intime, entre la ville et la maison. L’accueil, au sens architectural comme au sens humain, y prend toute sa valeur.
Avec ses façades en zigzag, ses balcons en surplomb et sa cour orientée vers le sud-ouest, l’Accueil Colombien illustre la maîtrise de Gaboury dans l’art d’adapter la forme à la fonction.
Chaque détail architectural répond à une logique précise : maximiser la lumière naturelle en hiver, offrir de l’ombre et de la fraîcheur en été, et protéger les résidents du vent.
Les arbres à feuilles caduques plantés au sud participent à cette orchestration naturelle : ils filtrent le soleil estival et laissent passer la chaleur hivernale, créant ainsi un confort thermique et visuel tout au long de l’année.


Façade latérale et jeu volumétrique
Cette vue met en évidence la structure en gradins des étages supérieurs, qui évoque certaines références modernistes européennes, tout en demeurant ancrée dans la sobriété propre à Gaboury. Ce décalage progressif des niveaux permet de moduler la lumière naturelle et d’adoucir la transition entre la hauteur du bâtiment et le tissu urbain environnant.
Le projet ne se limite pas à la technique : il est porteur d’une vision sociale. Gaboury a voulu faire de cette résidence un espace d’échange entre générations. En intégrant à proximité un ancien couvent des Oblats, réaménagé en Résidence Langevin, l’architecte et les promoteurs espéraient créer un lieu où les aînés côtoieraient des organismes communautaires, des jeunes et des familles.
Cette volonté d’ouverture traduit l’une des convictions profondes de Gaboury : l’architecture doit servir la vie, favoriser le lien humain et rompre l’isolement.

Façade principale de la résidence l’Accueil Colombien
Vue de la façade principale de la résidence, où se révèle la composition géométrique du bâtiment. Les balcons en relief et les jeux d’ombre créent un rythme visuel à la fois fonctionnel et poétique. Gaboury y traduit sa volonté d’offrir à chaque résident un contact direct avec la lumière et le paysage, tout en assurant une protection contre le vent des prairies.
Par son revêtement en pierre et brique claire, l’Accueil Colombien fait écho à son environnement bâti et à l’ancien couvent voisin, créant une continuité visuelle et historique.
Son profil singulier, qui se décale dans les étages supérieurs, rappelle certaines grandes réalisations européennes du modernisme tardif, tout en demeurant ancré dans la simplicité et la chaleur typiques du style de Gaboury.
Par sa conception à la fois technique et sensible, la résidence l’Accueil Colombien illustre à merveille la philosophie d’Étienne Gaboury : créer des lieux où l’humain et la nature coexistent en harmonie.
Entre lumière, abri et partage, cette résidence témoigne de la capacité de l’architecture à humaniser le quotidien.
Dans notre prochaine balade architecturale, nous découvrirons une autre facette de cette vision à travers le bâtiment de la Monnaie royale canadienne, où Gaboury marie rigueur industrielle et poésie formelle.
Bibliographie :
Étienne J. Gaboury, site Web de la Winnipeg Architecture Foundation (s. d.).
Heliner, F. (dir.). (2005). Étienne Gaboury. Édition du Blé.


